Merci Elise pour ta réponse précise. Pour ne pas oublier, je vais m'empresser de la noter au dos de la carte.
Commentaire de margareth
Commentaire de Denyse Noreau
Bonjour,
Merci poru les informations partagées. je travaille depuis des années sur l'œuvre de Tchékhov.
Cordialement,
Denyse Noreau
Commentaire de DENIS
article très intéressant
Commentaire de Framboise44
ces ventes de tableaux me font penser à la destruction chez nous en France des abbayes , chapelles, églises et oeuvres religieuses pendant la révolution de 1789.
de nos jours on retrouve ce même acharnement dans les pays du Maghreb ...
C'est terrible de voir autant d'archarnement à détruire ou à se débarrasser des oeuvres d'art !
Commentaire de Aimela
Un article très intéressant là encore, dommage que je ne parle pas le russe afin de comprendre la vidéo. bonne journée
Commentaire de margareth
Hélas ! En France encore à notre époque, j'entends des gens qui s'expriment comme Bzarov ! Ce qui laisse craindre que les plus belles créations culturelles sont toujours en sursis, jamais à l'abri des mouvements nihilistes ou du fanatisme religieux ou idéologique.
Commentaire de Framboise44
quel bonheur cela doit être de tomber sur pareil trésor lors de fouilles !!
Commentaire de Anne Antomarchi
Bonjour ma belle comment vas tu? je suis désolée de ne pas venir plus souvent sur ton site qui est intéressant- Alors raconte moi un peu que deviens tu es tu retournée en Russie? j'y suis retournée la dernière fois en oct 2010 Moscou les environs et saint Petersbourg.
Dis moi est ce que ton blog représente la nouvelle version? j'ai peur d'effectuer ce changement- peur de perdre mes photos et textes.Ça me ferait plaisir d'avoir de tes nouvelles- Bises Anne
A bientôt, Samson !
J'ai eu un petit pincement au coeur en lisant les infos russes hier. "On démonte Samson", "Samson quitte Peterhof" ! Pour la première fois depuis 1947,
"Samson déchirant la gueule du lion" quitte son emplacement dans le parc inférieur de Peterhof ! Provisoirement, bien sûr, pour une restauration, mais
quand même, c'est un événement. C'est plus qu'une sculpture. Créée pour symboliser la victoire sur les Suédois sous Pierre Ier, elle est aussi devenue un symbole de la victoire sur les
barbares nazis.
Le premier "Samson": 1736-1802
Milieu du XVIIIe siècle
La décision d'installer une telle fontaine dans le bassin date de 1734, à l'occasion des 25 ans de la victoire décisive de Pierre Ier sur Charles XII de Suède à
Poltava. La bataille avait eu lieu le jour de la Saint Samson l'Hospitalier. L'ensemble n'a été installé que deux ans plus tard. On le devait au sculpteur
Rastrelli (le père du célèbre architecte) et au fontainier français Sualem. La sculpture représentait allégoriquement la bataille gagnée par les Russes sur la
Suède (le lion). Un thème qui revient souvent dans les autres sculptures de la cascade et du parc, mais ce Samson est important par son emplacement et son jet d'eau s'élevant à 20 mètres.
Le deuxième "Samson": 1802-1944
Peterhof par V. Sadovnikov, 1845
Le deuxième "Samson" datait de 1802, lorsqu'on a remplacé la sculpture de Rastrelli (en plomb doré) par une autre en bronze doré, d'après un modèle du grand sculpteur
Kozlovski qui s'est inspiré de l'oeuvre de Rastrelli.
1944
Ce deuxième Samson a disparu pendant l'occupation de Peterhof par les nazis. Une photo de 1943 montre que Samson y était encore, mais en janvier 1944, à la fin de l'occupation, il avait disparu
et n'a jamais été retrouvé. Les documents sur la destruction de Peterhof ont été présentés au procès de Nuremberg.
Le troisième "Samson": depuis le 14 septembre 1947
Dans le poème d'Olga Bergholz intitulé "Notre jardin" et datant du 26 janvier 1944 (une semaine après la libération de Peterhof et à la veille de la levée totale du siège de Léningrad), la poétesse prophétise déjà que le nouveau Samson deviendra le symbole de la victoire.
""" ...и, символом свершенной мести,
в знак человеческого торжества
воздвигнем вновь, на том же самом месте,
Самсона, раздирающего льва.
И вновь из пепла черного, отсюда,
где смерть и прах, восстанет прежний сад.
Да будет так! Я твердо верю в чудо:
ты дал мне эту веру, Ленинград. "
En attendant le troisième Samson, le piédestal n'est pas resté vide, question d'honneur: il était orné d'un vase. Les premières fontaines ont fonctionné en 1946. Samson a été refait par
V. Simonov et N. Mikhaïlov à Léningrad, à l'usine "Monumentskulptura", d'après d'autres travaux de Kozlovski et des photos.
Le 31 août 1947, la
sculpture devenue un symbole de la victoire sur les nazis, traverse le centre de Léningrad en se dirigeant vers Pétrodvorets (la ville de Peterhof avait été rebaptisée dès le
départ des nazis d'un nom moins allemand). Ici, devant la cathédrale Saint-Isaac.
Samson arrive près de la Grande
cascade. Le symbole était si fort que des architectes ont proposé d'en installer des copies dans d'autres villes russes touchées par la guerre.
Je n'ai pas de comptes à
régler avec les Français, mais si notre Versailles avait été détruit comme Peterhof, le "Versailles russe", est-ce qu'il aurait été restauré de cette façon? Je ne crois pas ! Et
Tsarskoïé Sélo ou Pavlovsk transformés en ruines et restaurés eux aussi... Quel exploit
! La restauration continue de nos jours encore, bien sûr...
2010-2011
La restauration devrait
coûter environ 15 millions de roubles (375 000 €) et être terminée en avril 2011, avant la saison de fonctionnement des fontaines. Le piédestal en granit sera
restauré lui aussi. Il date du début du XIXe siècle, du deuxième Samson, et la dernière restauration a eu lieu en 1928. La qualité de l'eau qui se dégrade est notamment mise en cause dans le
mauvais état des monuments. Et chose importante: les responsables du musée annoncent que la sculpture restaurée traversera triomphalement Saint-Pétersbourg avant de regagner Peterhof,
comme en 1947.
* "Samson online": on peut observer la Grande cascade en direct grâce à une webcam (mais en hiver, il n'y a pas grand-chose à voir !). Le démontage de "Samson", initialement annoncé pour le 28 décembre, devrait avoir lieu dans l'après-midi du
31.
* Il y a tout juste 20 ans, le centre historique de Léningrad et quelques monuments annexes, dont Peterhof, ont
été classés au patrimoine mondial de l'UNESCO.
S Rojdestvom Khristovym !
С Рождеством Христовым !
Les fêtes ne sont pas finies en Russie. Dure période où le pays vit au ralenti:
10 jours de vacances en général. Les jours fériés qui tombent un week-end sont reportés en semaine, si je me souviens bien ! Là, c'est Noël. Le réveillon (сочельник), c'est ce soir, le 6 janvier. Le Carême de la Nativité se termine à l'apparition de la première étoile, en
hommage à celle de Bethléem. Le jour de Noël, le 7, est un jour férié depuis le début des années 1990, mais les habitudes prises pendant les années soviétiques sont dures à changer. La véritable
grande fête, c'est le Nouvel An. Même le sapin de Noël s'appelle новогодняя ёлка, sapin du Nouvel An. Les cadeaux sont distribués pour le Nouvel An aussi. Sans compter que Noël est une fête moins importante que Pâques chez les
Orthodoxes. Bref, j'ai plus fêté le Noël orthodoxe en France qu'en
Russie. Mais c'est au moins l'occasion d'admirer encore une fois quelques cartes d'Elisabeth Bem, ainsi qu'une silhouette, son autre grande "spécialité".
Рождественский бука, un petit garçon boudeur. Je ne comprends pas trop
le sujet: est-il mécontent des jouets reçus ou les a-t-il repris aux enfants qui n'avaient pas été sages, d'où son air un peu menaçant???
Joyeux Noël !
Les extraterrestres ont débarqué à Pétersbourg !
Non, je ne me suis pas saoulée pour fêter le Noël orthodoxe ! Je vais parler du métro de Saint-Pétersbourg, mais
pas pour évoquer la mise en service d'une nouvelle station il y a quelques jours ("Обводный канал", "Obvodny kanal"). Et pourtant, c'est un événement. Quand on connaît les distances énormes que
sont obligés de parcourir les habitants entre les stations...
Voici
"Gorkovskaïa", ma station de métro pendant mes 10 années pétersbourgeoises. Je détestais les bus, trams, trolleys et marchroutki, mais j'ai toujours adoré le métro. Et comme
beaucoup de Russes, je profitais de ce moment pour lire. Je lisais même sur les escalators (j'avais le temps, le métro de Pétersbourg est en moyenne le plus profond au monde). Mon seul regret parfois, c'est que j'y restais trop peu de temps car je vivais en centre-ville (à seulement une station de
"Nevski prospekt").
La station "Gorkovskaïa", ligne 2, a été inaugurée en 1963. Elle doit son nom à l'écrivain
Gorki qui a habité non loin. Elle est située à une assez grande profondeur, environ 50 mètres, mais ce n'est pas le record à Piter.
La fermeture pour travaux semblait inévitable après le drame survenu à la station "Sennaïa
plochtchad" en juin 1999. Le pavillon s'était alors effondré, faisant 7 victimes (j'y étais passée peu avant, j'ai eu de la chance). La station "Gorkovskaïa" avait tout de suite été
placée en tête sur la liste de celles à risque et le bâtiment provisoirement renforcé avec des piliers en métal (rassurant). Et chose importante: la proximité du fleuve posait des problèmes importants d'infiltration d'eau et des travaux étaient
nécessaires. "Gorkovskaïa" a fermé en octobre 2008. Je n'ose imaginer la pagaille aux heures de pointe à
la station la plus proche, "Pétrogradskaïa", déjà peu pratique à l'entrée et à la sortie... L'administration du métro conseillait d'emprunter d'autres stations du quartier, sans
citer "Pétrogradskaïa", mais les gens ne sont pas fous, ils connaissent la station la plus proche !
Juin 2009
Août 2009
En décembre 2009 (avec quelques mois de retard), "Gorkovskaïa" a rouvert. L'intérieur souterrain, près des voies, a été rafraîchi, mais n'a pas vraiment changé: toujours très
simple. Le bas-relief représentant Gorki est bien sûr toujours là.
Mais le pavillon dans le parc Alexandre... Une soucoupe volante ! Il y avait même des danseurs déguisés en extraterrestres lors de l'inauguration.
Comme l'ancien bâtiment, le nouveau est surélevé pour éviter une inondation en cas de crue de la Néva toute proche. Le
vestibule est plus grand.
Tout le monde est
d'accord: l'ancien bâtiment était moche. A propos de l'OVNI, les avis divergent un peu plus. La tradition veut que le décor et le nom d'une station soient liés. Mais là, cela ne rime plus à rien.
Gorki n'était pas cosmonaute ! En plein centre-ville, certains auraient donc préféré un décor plus classique et mieux adapté au nom. Sinon, certains proposent le nom "Kosmitcheskaïa" ("Звездная",
"des étoiles", existe déjà). Et le plafond du vestibule, avec ses cratères et sa lune rose ! Les Pétersbourgeois y voient plutôt des pis de vache.
J'attends de voir la
nouvelle "Gorkovskaïa" en vrai pour juger.
Ah, la Russie ! Le sol
est très beau dans le vestibule, mais très glissant, c'est un grand classique local (voir une vidéo là, impressionnant).
Espérons qu'ils ont remédié au problème ! Et aussi: on nous a rebattu les oreilles avec le nouveau pavillon plus spacieux, mais des portes sont souvent fermées ! Si on construit plus de portes
mais qu'elles restent fermées...
Bonne nouvelle pour
les touristes: ils n'ont pas oublié l'alphabet latin, pour une fois ! (Et le petit carrelage blanc qui rappelait un hôpital a été remplacé, ça fait plaisir !).
* La station de métro "Gorkovskaïa" a été construite à l'emplacement d'un bâtiment abritant des toilettes publiques. Le bâtiment était inhabituellement joli pour un tel usage,
avec des tourelles... Une légende a trouvé une explication: un riche marchand, un certain G. Alexandrov, serait tombé amoureux d'une femme "de la haute" qui le dédaignait. Pour se venger,
Alexandrov aurait fait construire des toilettes publiques sous les fenêtres de la dame capricieuse, une copie de la maison de campagne de cette dame... Selon la légende, la baronne a déménagé,
mais Alexandrov construisait à chaque fois des toilettes publiques sous ses fenêtres... D'où l'apparition de beaux petits pavillons identiques à divers endroits de la ville. Enfin, c'est pour
ceux qui croient aux légendes !
* Le métro de Saint-Pétersbourg est moins réputé que celui de Moscou et c'est normal: Léningrad n'était pas la capitale. Le nombre de stations est très inférieur à celui de Moscou. La profondeur
record à laquelle il roule est aussi en cause. 5 lignes et une soixantaine de stations pour Pétersbourg, contre 12 lignes et plus de 180 stations pour Moscou. Et
surtout, Pétersbourg attend toujours sa ligne circulaire ! Mais quelques stations sont magnifiques, essentiellement sur la ligne 1, la plus ancienne. Il fallait, selon la coutume
soviétique, en jeter plein les yeux avec les premières stations inaugurées en 1955. A voir donc: "Avtovo", "Plochtchad
Vosstania", "Vladimirskaïa" ou "Pouchkinskaïa" (1956). Parmi les stations plus récentes, j'aime bien la
"Dostoïevskaïa" (1991): outre le fait qu'elle rend
hommage au plus grand écrivain de la ville (et mon auteur préféré), son décor très simple, fait de bancs, de grilles et de lampadaires, avec une lumière tamisée, est réussi.
* Grâce à Yandex, on peut calculer le temps de trajet et son itinéraire: http://metro.yandex.ru/spb
Photos:
http://www.metro.spb.ru/
http://www.pitermetro.ru/
http://www.metrowalks.ru/
Le Roi boit ! La saison des galettes à l'Ermitage
Il faut se rendre dans le bâtiment du Nouvel Ermitage, dans les salles de la peinture flamande du XVIIe, pour voir cette scène joviale de Jacob Jordaens.
Le roi d'un jour lève son verre et les convives crient "le Roi boit !", d'où le nom du tableau.
En russe, le tableau est le plus souvent appelé "Бобовый король", "Le roi de la fève". Il faisait partie de l'énorme
collection léguée par le comte Nikolaï Kouchelev-Bezborodko au musée de l'Académie des Beaux-Arts à St-Pétersbourg en 1862. Le tableau a été transféré à l'Ermitage après la révolution.
La fête des Rois est le thème de prédilection de Jordaens: on peut voir des variantes dans de nombreux musées, notamment au Louvre.
Des détails très réalistes... C'est moins triste
que les Madones à l'Enfant italiennes !
Roulettenbourg
Adolescente, le premier classique russe que j'ai lu de mon propre chef, c'est Tolstoï, Anna Karénine. Je l'ai trouvé gentillet, mais je n'ai pas vraiment accroché. J'ai
mis quinze jours à le lire, c'est tout dire. Mais quel choc lorsque j'ai découvert Dostoïevski... Là, je finissais les romans en deux jours. Comme ma tante bigote qui relit la
Bible entièrement au moins une fois par an, je ne passe pas une année sans relire Les Démons ou L'Idiot, mes romans préférés. En 2011, on commémore les 190 ans
de la naissance de Dostoïevski et les 130 ans de sa mort. Une occasion de parler de lui, puisque je ne l'ai pas encore fait sur ce blog. Et comme je vais souvent en Allemagne ces
dernières années, j'ai choisi de parler des séjours de Dostoïevski à Baden-Baden, des périodes particulièrement tristes et pénibles.
Monument à Dostoïevski à Baden-Baden.
Sculpteur Léonid Baranov, 2004. Dostoïevski a mis en gage ses chaussures pour jouer à la roulette?
Premier voyage: 1862
Depuis son jeune âge, Dostoïevski rêvait d'un voyage à travers l'Europe. Il n'a pu réaliser son rêve que durant l'été 1862,
après dix années de bagne et d'exil. Un voyage rapide, un peu plus de deux mois seulement, mais la passion du jeu l'entraîne déjà dans une des célèbres villes d'eaux d'Allemagne:
Baden-Baden, Hombourg ou, plus vraisemblablement, Wiesbaden.
Ces villes vont entrer pour une bonne dizaine d'années dans la biographie de l'écrivain comme des lieux d'émotions extrêmes. Dostoïevski a même comparé un jour l'enfer de la maison de jeu au
bagne de la Maison des morts.
"Le pire est que ma nature est vile et trop passionnée. Partout et en tout je vais jusqu'aux extrêmes. Toute ma vie, j'ai dépassé les limites."
Fédor Dostoïevski (1821, Moscou - 1881,
Saint-Pétersbourg)
1863
Alors que son épouse Maria, phtisique, est au plus mal, Dostoïevski part deux mois en Europe pour rejoindre sa jeune maîtresse,
Apollinaria Souslova (la future Pauline du Joueur). Les retrouvailles à Paris sont pénibles et mouvementées. En quittant Paris, Dostoïevski passe quatre jours à
Baden-Baden avec son rêve incorrigible de gagner une grosse somme à la roulette. Il perd et doit faire venir de l'argent de Russie pour poursuivre son voyage. Il joue ensuite à
Genève. Pour aller jusqu'à Turin, il met en gage sa montre, et Souslova une bague. Après l'Italie, Dostoïevski et Souslova arrivent à Berlin. Au bout de deux jours, Dostoïevski est pris d'une
envie irrésistible de jouer à la roulette, et il part pour la ville d'eaux de Hombourg. Ce voyage avec Souslova a probablement servi de matière pour un de ses meilleurs romans, Le
Joueur (1866), qui avait d'abord un autre titre: ROULETTENBOURG (c'est sur les
instances de son éditeur qu'il changera le titre).
1865
Dostoïevski part en Europe pour fuir ses créanciers et une situation inextricable. Après avoir perdu au jeu, il écrit à
Tourguéniev pour lui demander de lui envoyer cent thalers pour une durée de trois semaines. Tourguéniev lui envoie
immédiatement une partie de la somme demandée, cinquante thalers, avec une lettre amicale. Dostoïevski était mortifié par cette histoire de prêt (il mettra dix ans à rembourser Tourguéniev).
Anna Grigorievna Dostoïevskaïa, née Snitkina (1846-1918), la seconde épouse de Dostoïevski, qu'il a rencontré en lui dictant Le Joueur en 1866. A l'âge de 20 ans, elle a
décidé de consacrer sa vie à Dostoïevski, ce qu'elle a fait avec patience, tendresse et énergie. "Beaucoup d'écrivains russes se sentiraient mieux s'ils avaient une femme comme celle de
Dostoïevski" dira Tolstoï.
1867
"S'il pouvait seulement s'ôter de l'esprit ce malheureux espoir de gagner !"
Anna Grigorievna
Dostoïevskaïa, Journal, mai 1867
La
maison où a vécu Dostoïevski en 1867 abrite aujourd'hui une agence immobilière.
Dostoïevski et sa jeune épouse fuient Pétersbourg et les créanciers en avril 1867. Ce voyage en Europe est marqué par l'étape de cinq semaines à Baden-Baden. A la fin, le séjour
à Baden-Baden, cette "maudite ville", cet "enfer", s'est transformé en véritable drame. C'est le premier endroit où Anna Grigorievna assiste à ce drame
quotidien, épuisant et désespéré. Chaque soir, en sténo, elle inscrit ses impressions. Les Dostoïevski s'arrêtent dans le
grand hôtel "Au Chevalier d'or", mais les pertes au jeu subies dès le premier jour les contraignent bientôt à déménager dans un quartier éloigné et à louer deux petites chambres au-dessus d'une
forge, d'où parviennent toute la journée des coups de marteau étourdissants. Anna Grigorievna, qui par ailleurs supporte un début de grossesse, se soumet à son sort:
"Je ne prête pas attention au bruit qui vient de la forge, et je m'y suis déjà habituée; mais Fédia, lui, le remarque, il ne dort pas assez, devient nerveux..."
Un cas caractéristique du système de jeu de Dostoïevski et de toute la vie à Baden... Au matin du 16 juillet, les Dostoïevski
ont mis de côté 166 pièces d'or. Le jeu dure toute la journée avec de fréquents emprunts aux ressources familiales et le soir, il reste 66 pièces. Le surlendemain, la somme est totalement perdue. Alors, il demande à sa femme de lui confier ses bijoux pour les mettre en gage.
"Je pris mes boucles d'oreille et ma broche et je les regardai longtemps, longtemps. Il me semblait que je les voyais pour la dernière fois. (Et il en fut ainsi). J'avais terriblement mal, j'aimais tant ces choses qui m'avaient été offertes par Fédia..."
Quelques heures passent. Dostoïevski revient. Il a tout perdu, même l'argent des boucles d'oreille. Il assure que c'est la
dernière fois, se met à pleurer. Mais le lendemain, tout recommence et il engage son alliance...
C'est à Baden-Baden, durant cet été 1867, que se déroule un événement important dans la vie et l'oeuvre de Dostoïevski: son
explication avec Tourguéniev (ci-contre en 1867 à Baden-Baden). Revenant un soir du casino avec sa femme, Dostoïevski rencontre l'écrivain Ivan Gontcharov, qui
vient d'arriver aux eaux. Gontcharov leur apprend l'arrivée de Tourguéniev qui à cette époque vit de façon permanente à Baden-Baden (il s'est fait construire une maison à côté de la villa de
Pauline Viardot). Dostoïevski décide de se rendre dès le lendemain chez lui pour discuter et lui rendre
la dette contractée deux ans plus tôt. Au début de 1867, Tourguéniev a achevé son roman Fumée,
dont l'action se déroule à Baden-Baden, une oeuvre qui provoque une tempête d'indignation. Dostoïevski, dont les relations avec Tourguéniev n'étaient déjà pas simples, ne peut pas admettre
l'occidentalisme extrême de l'auteur qu'il accuse d'avoir renié son pays natal. C'est l'éternelle question de la Russie
et de l'Europe et il y a un fossé entre les deux hommes. On ne sait pas précisément comment s'est déroulée l'entrevue. Dans une lettre, Dostoïevski décrit la scène: Tourguéniev
vilipende la Russie et tout ce qui est russe. "Si la Russie disparaissait de la surface du globe, il n'y aurait aucune perte ni aucun remous dans l'humanité" aurait-il affirmé. Dostoïevski lui conseille ironiquement de s'acheter un télescope pour mieux voir ce qui se passe dans sa patrie lointaine. Dostoïevski,
impétueux et ardent comme toujours, déverse tout ce qui s'est accumulé dans son coeur contre les chers Allemands de Tourguéniev. Bref, l'entrevue est orageuse. Les deux écrivains se rencontrent
encore à la roulette, mais ne se saluent même pas. Dostoïevski caricaturera Tourguéniev dans Les Démons. Il faudra attendre quelques années pour un léger rapprochement.
La plaque sur la maison habitée par Dostoïevski. Pour
ceux qui comprennent l'allemand, cliquez sur la photo pour l'agrandir.
* Les séries télévisées consacrées à une oeuvre ou un auteur sont à la mode en Russie. Une série sur
Dostoïevski devrait être diffusée cette année. Des scènes ont
été tournées à Baden-Baden. L'acteur qui joue Dostoïevski, Evguéni Mironov, très connu en Russie, a déjà
été le prince Mychkine de L'Idiot pour la télé :)
* Il l'avait souvent promis à sa jeune épouse et il a finalement tenu parole: Dostoïevski a réussi à sortir de l'engrenage infernal du jeu. Le cauchemar qui a duré près de 10 ans s'est
terminé en 1871. Par la suite, lors de ses voyages à l'étranger, il ne songea pas une seule fois à se
rendre dans une maison de jeu.
* Le séjour de 1867 et les Carnets d'Anna Grigorievna ont servi de base au très beau roman de Léonid Tsypkine, Un Eté à Baden.
Principales sources:
Pascal P., Dostoïevski, l'homme et l'oeuvre, L'Age d'Homme, 1970.
Grossman L., Dostoïevski, trad. du russe, Editions du Progrès, Moscou, 1970.
Troyat H., Dostoïevski, Fayard, 1990.
Arban D., Dostoïevski, Seuil, 1995.
Dostoïevskaïa A.G., Carnets, trad. du russe, Editions "Radouga", Moscou, 1986.
L'autre "Jour de la Victoire"
Le Jour de la Victoire, c'est bien sûr le 9 mai 1945, mais il y a un autre jour qui s'appelle ainsi: c'est le
27 janvier 1944, le jour de la levée totale du blocus de Léningrad. Dans la ville qui a
perdu presque 1 million d'habitants (la plupart morts de faim), c'est une date sacrée. Les monuments et commémorations rappelant le blocus sont innombrables. Dans la rue Kronverkskaïa,
Кронверкская ул., ma rue, un monument rend hommage aux femmes de la DCA qui
ont combattu de 1941 à 1944.
L'ensemble date de 2002 et a remplacé un mur décrépi (sculpteur Lev N. Smorgon, architecte Igor D. Matvéïev). Il a été créé sur l'initiative des anciens combattants
de la défense antiaérienne, avec le soutien financier d'Alfa-Bank.
Les femmes combattantes - les anges gardiens du ciel de Léningrad
La rue Kronverkskaïa, par Igor Yanovski
Anna Ostrooumova-Lébédéva, "Feu d'artifice", 1944
Le feu d'artifice sur la Néva le 27 janvier 1944 est devenu un des symboles de la Victoire. Et la DCA
est à l'honneur.
" И в ночи январской беззвездной,
Сам дивясь небывалой судьбе,
Возвращенный из смертной бездны,
Ленинград салютует себе. "
Анна Ахматова, 27 января 1944 г.
Les bijoux de famille
Ce diadème orné de rubis et de diamants est entré dans la famille
Mountbatten (Battenberg) grâce au mariage en 1916 de George Mountbatten avec l'arrière-petite-fille du poète
Alexandre Pouchkine, la comtesse Nadejda "Nada" de Torby. Il n'a pas été créé pour Nada, mais pour sa
mère.
Le grand-duc Mikhaïl Mikhailovitch de Russie a commandé ce diadème
d'or en forme de kokochnik au célèbre joaillier russo-suédois Bolin pour l'offrir à Sophie de Merenberg, comtesse de Torby, à l'occasion de leur mariage, en 1891. Malheureusement, je n'ai pas trouvé de
photos d'elle portant ce diadème.
La première propriétaire du diadème: Sophie de Torby, née de Merenberg (1868-1927), issue du mariage morganatique entre Nathalie
Pouchkine (la fille du poète) et le prince Nicolas de Nassau. Elle-même a contracté un mariage morganatique en épousant le grand-duc Mikhaïl Mikhailovitch de Russie (Mich-Mich
pour les intimes). La petite-fille de Pouchkine a donc épousé le petit-fils de Nicolas Ier. Curieux mariage qui a été
reconnu tardivement par Nicolas II. Le couple partageait son temps entre l'Angleterre et la Côte d'Azur.
"Mich-Mich" et ses enfants: (de gauche à droite) Nadejda, Mikhaïl et Anastasia de
Torby.
Les élements du diadème sont démontables et peuvent servir de pendants d'oreilles, de broches...
Photo de 1924. A gauche, la deuxième propriétaire du diadème: Nadejda (Nada) Mountbatten, 2nde marquise de
Milford Haven, l'arrière-petite-fille de Nicolas Ier et de Pouchkine. Elle le porte à la mode de l'époque, assez bas sur le front. A droite, son mari, George Mountbatten, 2nd
marquis de Milford Haven, arrière-petit-fils de la reine Victoria, neveu de la dernière
impératrice de Russie, frère du dernier vice-roi des Indes et oncle de Philip
d'Edimbourg.
* Nada de Torby (1896, Cannes - 1963, Cannes) et George Mountbatten
(1892-1938) formaient un couple un peu particulier aux yeux de leurs contemporains. On s'interroge encore aujourd'hui sur leurs relations. La rumeur disait que Nada était
bisexuelle. Pour certains, ce n'est pas prouvé, pour d'autres, c'est un fait indiscutable. Allez savoir ! Nada s'est retrouvée mêlée à la bataille juridique légendaire des
Vanderbilt, la famille "royale" américaine. La jeune veuve Gloria Morgan Vanderbilt se battait pour la garde de sa fille, "little Gloria", et elle a été soupçonnée d'avoir eu une
relation avec Nada Mountbatten, ce qui a créé un beau scandale et l'a probablement desservie dans son procès. Quant à George Mountbatten, très apprécié de la future Elizabeth II qui dira de
lui "He was one of the most intelligent and brilliant of people", il est connu pour son importante collection de documents érotiques.
Mariage d'Ivar
Mountbatten (le petit-fils de Nada et George) et de Penelope Thompson, en 1994. Le
diadème ne leur a pas porté bonheur. Le couple s'est séparé l'an dernier et Ivar Mountbatten est parti vivre aux Bahamas avec sa maîtresse !
Le diadème est revenu en Russie une première fois en 2000, dans le cadre d'une expo consacrée à la maison Bolin.
Il a été aussi exposé au musée de l'Ermitage en 2004, sur l'initiative d'un homme d'affaires, Artem Tarassov, et de la propriétaire, l'épouse du 4ème marquis de Milford Haven,
qui voulait le vendre. Le diadème n'a pas trouvé son Vekselberg, malgré la médiatisation du voyage. Le diadème est donc retourné dans la famille Mountbatten et il est peut-être vendu à l'heure actuelle. Vendre
l'héritage familial sans y être contraint financièrement est une chose qui me dépassera toujours !
* Les descendants d'Anastasia "Zia" de Torby, et donc des Romanov et d'Alexandre Pouchkine, appartiennent aux prestigieuses familles des
ducs d'Abercorn et de Westminster et font donc partie des plus grandes fortunes de Grande-Bretagne.
Photos:
http://forum.alexanderpalace.org/index.php
Le caméléon qui n'a pas explosé
Depuis 1995, je passe toujours la Saint-Valentin à Paris. Je venais d'abord de Nice, puis
de Saint-Pétersbourg, et maintenant de moins loin, du Mans (seulement 54 minutes en TGV). Mon Valentin a changé, mais l'émerveillement devant Paris est le même. Trois jours pour profiter cette
fois. D'abord, un petit tour à la Pinacothèque pour les tableaux de l'Ermitage. Je savais qu'il n'y
avait aucun chef-d'oeuvre et que je serais déçue, mais je ne pouvais pas ne pas y aller. Une visite plus imprévue au Musée des lettres et des manuscrits, parce que c'est boulevard Saint-Germain, à deux pas de ma niche.
Une belle expo y est consacrée à Romain Gary (1914-1980), à travers 160 documents.
Quelques citations de Gary qui m'ont touchée à cette expo...
A la question:
"Vous écrivez depuis longtemps ? [...] En quelle langue ?"
Romain Gary répondait:
"Vous connaissez l'histoire du caméléon?
On le met sur un tapis bleu, il devient bleu;
on le met sur un tapis jaune, il devient jaune;
sur un tapis rouge, il devient rouge;
on le met sur un tapis écossais, il devient fou.
Moi, je ne suis pas devenu fou,
je suis devenu écrivain.
Ma première couleur a été la Russie puis,
après la Révolution, ce fut la Pologne
où je suis resté six ans.
Puis ce fut le midi de la France, le lycée de Nice,
l'aviation, dix ans d'Ajaccio, quinze ans de diplomatie,
dix ans d'Amérique, bilingue français-anglais,
correspondant de journaux...
Voilà. Je suis le caméléon qui n'a pas explosé."
(entretien avec Caroline Monney, 1978)
"[...] je suis niçois [...] Parce que j'ai été élevé à Nice, que mes premières amitiés se sont formées à Nice, que les premières filles que j'ai aimées étaient à Nice, et que je me sens [...]
toujours bien à la Méditerranée."
"Je n'ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines."
"On a envie de changer le monde pour enfin l'envoyer se faire foutre."
Dans les collections permanentes du Musée des lettres et manuscrits, la Russie
est aussi présente.
Lettre du grand-duc Vladimir Alexandrovitch (le frère d'Alexandre III) à Gustave Eiffel
(mai 1890). De nombreuses personnalités assistent à l'ouverture de l'Exposition universelle, en mars 1889, dont Vladimir Alexandrovitch, admiratif: "Ma visite à l'Exposition l'an dernier
m'a laissé une profonde impression: la Tour est restée gravée dans ma mémoire comme un des résultats les plus surprenants du savoir humain."
Lettre de Tchaïkovski (une grande vitrine lui est consacrée), datée de 1881. En 1877, malgré les rumeurs sur son
homosexualité (ou pour les faire taire), il épouse Antonina Milioukova. Ce mariage est un échec, mais Antonina refuse de divorcer et le harcèle. Eprouvé par ces événements, il séjourne souvent
chez sa soeur à Kamenka (Ukraine), et peine à travailler: "Vous avez raison, pendant cette période de manque d'intérêt pour la composition, je devrais voir le positif, c'est une
opportunité de me reposer. Heureusement, l'envie de composer reviendra." confie-t-il à son correspondant.
On peut voir aussi des lettres signées Catherine II ou Staline,
une vitrine consacrée aux Ballets russes, et toutes les autres collections (passionnantes) classées par thèmes:
l'histoire, les arts, les sciences, la musique...
Bon, je veux devenir parisienne (c'est pas nouveau). Дело осталось за малым... Il reste à convaincre mon homme qui a quitté
Paris il y a quelques années et qui ne veut plus en entendre parler !
Un désastre héroïque
Un article en l'honneur du 23 février, "journée des défenseurs de la Patrie" en Russie... Après ma station de métro ou ma rue, on reste dans le quartier
Pétrogradski avec un monument qui rappelle la guerre russo-japonaise de
1904-1905: le monument au destroyer "Stérégouchtchi", près
de la station de métro "Gorkovskaïa"
justement. Il est tourné vers l'avenue Kamennoostrovski, mais on ne le remarque pas forcément
tellement il se fond dans les arbres du parc Alexandre.
Le 26 février 1904 (un mois après le début de la guerre), près de Port-Arthur, les contre-torpilleurs "Réchitelny" et
"Stérégouchtchi" sont envoyés en reconnaissance. Ils sont assaillis par quatre navires japonais plus puissants, bientôt rejoints par deux croiseurs. Le "Réchitelny" réussit à
s'échapper, mais le "Stérégouchtchi" ("le gardien", "le guetteur") se retrouve seul face aux six navires japonais. Deux croiseurs russes arrivent trop tard pour le sauver. Le commandant, tous les
officiers et presque tous les matelots sont tués. Selon la légende, alors que les Japonais s'apprêtent à remorquer le "Stérégouchtchi", deux matelots ouvrent les vannes et coulent avec leur
navire pour ne pas le livrer en trophée. La légende du sabordage se transmet de génération en génération, on la retrouve partout (ce monument y est peut-être pour quelque chose),
même si elle a été démentie lors de l'enquête, à l'époque déjà.
La photo la plus probable du "Stérégouchtchi"
Affiche d'un spectacle de récolte de fonds en faveur des familles, le 10 avril 1904 au théâtre Mariinski
Modèle du monument
Le sculpteur Konstantin Izenberg a commencé à travailler sur le projet en 1905. Le projet a été approuvé par l'empereur en 1908. L'architecte, Alexandre von Gogen (Hohen), est aussi connu pour avoir construit l'hôtel particulier de la ballerine
Matilda Kchessinskaïa (dans le même
quartier).
L'inauguration, en 1911, en présence de Nicolas II, de son Premier ministre Stolypine (assassiné en septembre de la même année à Kiev) et
d'un survivant de l'équipage.
Source
L'eau dégradait le monument et a été coupée au début des années 1970.
Dommage ! Mais le monument est quand même populaire. Les petits Pétersbourgeois l'apprécient tout particulièrement: l'hiver, ils dévalent la pente à l'arrière en luge tandis que les parents font
le pied de grue (n'est-ce pas Irina ♥ ?).
En 1954, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la catastrophe, on a ajouté à l'arrière du monument un bas-relief du destroyer en train de
couler, ainsi que la liste de l'équipage.
Même si la version officielle de l'époque a réfuté cette légende des
deux marins qui sabordent leur bateau pour ne pas le livrer à l'ennemi, cela n'enlève rien au courage des marins, un courage reconnu par les Japonais eux-mêmes.
* Les noms des héros du "Stérégouchtchi" ont été donnés presque immédiatement à des contre-torpilleurs: "Lieutenant
Serguéïev", "Ingénieur-mécanicien Anastassov". La marine russe a toujours un navire qui porte le nom "Stérégouchtchi". Un contre-torpilleur "Stérégouchtchi" a participé à la défense de Léningrad. Il a été fortement endommagé par les Allemands lors du
bombardement de Kronstadt, en 1941. Aujourd'hui, "Stérégouchtchi" est une classe de corvettes.
La tête de classe, le "Stérégouchtchi" (flotte de la mer Baltique), à Saint-Pétersbourg à l'occasion de la fête de la Marine
2010
* A Koursk, la ville d'origine du commandant Alexandre Serguéïev, une école porte son nom depuis 2001.
* Plusieurs chants rendent hommage aux marins du "Stérégouchtchi", dont celui-ci interprété par Janna Bitchevskaïa (le patriotisme, c'est son fonds de commerce).
ГИБЕЛЬ «СТЕРЕГУЩЕГО»
Помилуй нас, Бог Всемогущий,
И нашей молитве внемли !
Так истребитель погиб "Стерегущий"
Вдали от родимой земли.
Командир прокричал: "Ну, ребята !
Для вас не взойдет уж заря.
Героями Русь ведь богата:
Умремте ж и мы за Царя !"
И вмиг отворили кингстоны
И в бездну морскую ушли
Без ропота, даже без стона,
Вдали от родимой земли.
И чайки туда прилетели,
Кружатся с предсмертной тоской,
И вечную память пропели
Героям в пучине морской.
Suite du feuilleton Gazprom à Saint-Pétersbourg
En décembre 2010, Gazprom a renoncé à son gratte-ciel controversé du quartier de l'Okhta à Saint-Pétersbourg. Immédiatement, la
région de Léningrad a cherché à attirer le géant gazier, mais Gazprom a préféré rester à Saint-Pétersbourg intra-muros (question de prestige) en achetant 14 hectares dans le quartier
Primorski (Maritime), au 2 de l'avenue Lakhtinski
(Lakhta). La ville garde Gazprom et ses filiales. Tout le monde est content !
ohta-center.ru
Le futur emplacement du siège de Gazprom est au nord-ouest de Pétersbourg. Lorsque le périph sera terminé, on pourra aller à l'aéroport Poulkovo, au sud, sans passer par le
centre-ville. Qui plus est, le quartier est situé sur la route de nombreuses résidences secondaires de l'élite pétersbourgeoise (rive nord du golfe de Finlande) et non loin des îles huppées au
nord du quartier Pétrogradski. Et il ne faut pas s'en faire pour le patron de Gazprom, Alexeï Miller,
qui a mal digéré sa défaite de décembre: il aura une belle vue de son bureau du quartier Primorski et sera moins aigri que maintenant. Certains y voient aussi l'endroit idéal pour construire un
quartier d'affaires type la Défense. Au rythme où vont les choses en Russie, il n'est pas impossible que cela arrive très bientôt... J'aurais quand même préféré un lieu en dehors de la ville,
mais c'est surement parce que j'en veux toujours à Gazprom pour son projet qui a failli défigurer le centre historique de ma ville chérie. En réalité, il ne faut pas trop se plaindre du nouvel
emplacement. Je vais attendre le nouveau projet architectural pour critiquer.
ohta-center.ru
Le nouveau terrain au bord du golfe de Finlande
Le nom n'est pas encore choisi, mais il va surement changer. "Okhta-centre" n'a plus aucun sens. "Lakhta-centre" ou "Lakhta-city"? Les deux noms de domaine ont été réservés en février par Gazprom.
neva24.ru
Le projet architectural aussi devra être revu. J'espère que le bâtiment ne fera pas 403 mètres de haut. Gare à toi,
Gazprom, tu risquerais de réveiller les détracteurs.
rosbalt.ru
Certains font déjà des simulations (avec la tour de 403 mètres). On la voit du centre historique, ici derrière la flèche de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul.
Plus éloignée, c'est quand même moins catastrophique. Gâcher la ligne d'horizon de Piter sera plus
difficile.
ohta-center.ru
Que va devenir l'ancien terrain de l'Okhta, à l'est de la ville? Des associations et des architectes réclament la création d'un musée archéologique. Gazprom
voulait se donner une bonne image en finançant des fouilles (photo ci-dessus). Gazprom n'est plus là et l'argent risque de manquer pour une muséification. On se doute que notre gouverneur
Valentina Matvienko, étant donné son soutien passé à la tour de l'Okhta, ne va pas financer un projet cher au coeur des détracteurs. On ne peut pas gagner sur tous les fronts
!
Nostalgie chronique
Toujours ma nostalgie de Saint-Pétersbourg... Là, ce n'est pas mon quartier, mais j'y passais presque
tous les jours: c'est la "Strelka", la pointe est de l'île Vassilievski, l'ancien port de la ville. C'est l'endroit où le fleuve est le plus beau, très large. Il se divise
en deux bras: la Grande Néva et la Petite Néva. La vue depuis la Strelka est exceptionnelle.
http://www.temples.ru/
On aperçoit l'énorme bâtiment à colonnes de la Bourse (aujourd'hui musée de la Marine, mais plus pour longtemps) et les deux colonnes rostrales de couleur brique. Hautes de 32 mètres, elles ont été construites en même temps que le
bâtiment de la Bourse, au début du XIXe siècle, sous le règne d'Alexandre Ier, par l'architecte français Jean-François Thomas de Thomon. Elles ont servi de
phares, la colonne sud indiquant la Grande Néva, la colonne nord indiquant la Petite Néva. La colonne sud (celle à gauche sur la photo) représente quelque chose de spécial pour moi. C'est là que
j'ai rencontré mon futur mari (aujourd'hui ex-), il y a 16 ans déjà...
Fédor Alexeïev, 1810, Musée Russe,
Saint-Pétersbourg
Angelo Toselli, 1817-1820, Musée de l'Ermitage (?)
Alexandre Beggrov, 1878, collection privée
Alexandre Beggrov, 1891, Galerie Trétiakov, Moscou
Sur cette photo du début XXe, on aperçoit une
chapelle dédiée aux péris en mer. Construite dans les années 1830, la chapelle a été détruite un siècle plus tard.
La place de la Bourse en
1903
La place de la Bourse est rebaptisée place Pouchkine en 1937, à l'occasion du centenaire de la
mort du poète. Elle reprend son nom historique en 1989. Pouchkine est quand même à l'honneur à cet endroit. Le bâtiment avec la coupole sur la photo ci-dessous, derrière la colonne nord, abrite
l'Institut de la littérature russe, la "Maison Pouchkine".La DCA, pendant le blocus de 1941-1944
On dit toujours que les quatre sculptures au pied des colonnes symbolisent quatre rivières russes (cela reste à
vérifier): le Volkhov et la Néva pour la colonne sud et le Dniepr et la Volga pour la colonne nord. Les sculptures
sont en tuf calcaire en provenance de Poudost, un village au sud de Saint-Pétersbourg, près de Gatchina.La Néva
Le Dniepr
Depuis 1957, les colonnes sont allumées (au gaz) lors des grandes fêtes.
Les roubles actuels mettent à l'honneur les villes russes: Novgorod, Krasnoïarsk, Arkhangelsk, Iaroslavl, Khabarovsk, et bien sûr Moscou et
Saint-Pétersbourg. Pour Piter, c'est le billet de 50 roubles, avec la Strelka.
La colonne rostrale sud et la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul en arrière-plan, comme sur le billet.
Tuning pétersbourgeois
En préparant cet article, j'ai appris une chose qui, en tant qu'ancienne Pétersbourgeoise, m'a scotchée. Une petite
révolution. J'avais complètement zappé l'info. Le musée de la Marine qui se trouvait dans le bâtiment de la Bourse depuis plus de 70 ans déménage cette année! Le musée de l'Ermitage était sur les rangs pour récupérer le bâtiment afin d'en faire une filiale. Mais à Moscou, le ministère du
développement économique en a décidé autrement (le bâtiment appartient à l'Etat). Le bâtiment a été donné, sans surprise, au Saint-Petersburg International Mercantile
Exchange et n'abritera donc plus de musée. Les hommes d'affaires ont gagné... Officiellement, le
musée de la Marine quitte ses locaux car ils sont peu adaptés, trop petits, etc. Mais l'histoire ressemble à celle de mon palais des mariages. Les pétroliers ont jeté
leur dévolu sur le "temple grec" et l'ont obtenu (on notera leur prédilection pour les lieux prestigieux du centre-ville historique). Inutile de dire que Vladimir Poutine les a
soutenus dès le début, ainsi que le gouverneur de la ville Valentina Matvienko...
Une chanson de la russo-israélienne Zlata Razdolina, sur des paroles de Iossif Brodski (1940-1996), le prix Nobel de littérature 1987, "Je ne veux choisir ni le pays ni le cimetière. Mais je reviendrai mourir sur l'île Vassilievski."
" Ни страны, ни погоста
не хочу выбирать.
На Васильевский остров
я приду умирать. "
http://www.nlr.ru/
http://www.navy.su/
http://spbstarosti.ru/
http://www.szac.ru/
Bonnes fêtes de Pâques !
Со Светлым Христовым Воскресением !
Comme l'an dernier, les orthodoxes et les chrétiens occidentaux célèbrent Pâques le même jour. Comme l'an dernier, voici cette grande fête à travers
quelques oeuvres de peintres russes...
Faddeï Goretski
"La salutation pascale"
1850
Musée Russe, Saint-Pétersbourg
Ilia Kaverznev, "Pâque lumineuse",
2005
Vladimir Pervouninski, "Avant
Pâques"
Alexandra
Gourieva-Sajaïéva, "Pâques chez tante Doussia"
Youlia Pétrova,
"Dimanche lumineux"
Nikolaï Zaïtsev, "Les
occupations pascales", 2007
Et comme je suis en ce moment à Amsterdam...
Je me suis empressée de visiter la filiale du musée de l'Ermitage, au bord de l'Amstel.
L'expo actuelle est, une fois de plus, consacrée à l'art religieux. Je ne suis pas déçue, mais après "Sainte Russie" au Louvre, j'ai
l'impression qu'en Europe occidentale, on s'acharne un peu sur cet aspect de la Russie. Et puis le département "russe" de l'Ermitage n'est pas le plus renommé du musée. Beaucoup de pièces
exposées proviennent d'ailleurs des collections du musée Russe (notamment les portes royales ci-dessus, de vieilles connaissances).
Une salle est consacrée à Pâques. Ces oeufs en porcelaine (XIXe) proviennent de la Manufacture impériale de
Saint-Pétersbourg. Bonnes fêtes de Pâques !
Христос Воскресe !