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Pèlerinage à Zaandam - 1ère partie

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Aller en Hollande sans visiter Zaandam, à quelques kilomètres au nord d'Amsterdam, c'était impensable pour moi, surtout que cela touche le souvenir du seul monarque russe pour lequel j'ai de l'admiration. Avant même d'arriver à la maisonnette de Pierre le Grand, j'étais tout attendrie en voyant les plaques de rues...
hollande-avril-2011-4-078.JPGhollande-avril-2011-4-012---Copie.JPGhollande-avril-2011-4-019.JPGhollande-avril-2011-4-006.JPGhollande-avril-2011-4-014.JPGetc.

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En août 1697, Pierre Ier, âgé de 25 ans, arrive à Amsterdam
au sein de la "Grande Ambassade" et il décide de se rendre en bateau à Zaandam (Saardam). Officiellement, la Grande Ambassade est dirigée par Lefort, Golovine et Voznitsyne, et le tsar voyage incognito sous le nom de Pierre Mikhaïlov.










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hollande-avril-2011-4 231La maisonnette daterait des années 1630
A peine débarqué en 1697, Pierre reconnaît Gerrit Kist, un forgeron qui a travaillé auparavant en Russie, et il insiste pour loger chez lui.

hollande-avril-2011-4 266La maisonnette de bois est aujourd'hui entourée d'un revêtement en briques. Qu'elle se soit conservée jusqu'à nos jours est exceptionnel. On n'a pas eu cette chance avec la maisonnette de Pierre Ier à Amsterdam.

hollande-avril-2011-4 254En 1818, le roi Guillaume Ier des Pays-Bas achète la maisonnette pour l'offrir à sa belle-fille russe, la grande-duchesse Anna Pavlovna, à l'occasion de la naissance du prince Alexandre. On peut voir le buste d'Anna Pavlovna dans le petit jardin.

hollande-avril-2011-4 128-copie-1Anna Pavlovna invite son beau-père Guillaume Ier à Zaandam en 1831
Anna Pavlovna décide de ne conserver que les deux pièces où a vécu son illustre aïeul, le reste est détruit. Elle est bien sûr très préoccupée par la conservation de la masure et la fait recouvrir. La relique est enserrée comme dans un écrin, et cela rappelle la maisonnette de Pierre Ier à Saint-Pétersbourg (qu'Anna Pavlovna connaissait bien). La maisonnette a souffert d'une inondation survenue en 1825.

hollande-avril-2011-4 209Tableau
(copie?) de Christiaan Julius Lodewijk Portman (1839) commandé par Anna Pavlovna et représentant Pierre dans la maisonnette.

hollande-avril-2011-4 234En 1886, Guillaume III, le fils d'Anna Pavlovna, fait cadeau de la modeste demeure à son petit cousin, l'empereur Alexandre III. En 1890, Alexandre III ordonne des travaux, notamment l'application de poteaux en bois tout autour pour soutenir la construction.

hollande-avril-2011-4 277L'empereur Nicolas II ordonne en 1895 d'entourer la maisonnette d'une construction en briques et d'un mur. En 1897, pour le bicentenaire de la venue de Pierre le Grand, l'ensemble est béni par un prêtre orthodoxe.


hollande-avril-2011-4 241En 2005, Vladimir Poutine a effectué le pèlerinage.

hollande-avril-2011-4-176.JPGAvec le voyage de la "Grande Ambassade", Pierre rompt avec une tradition séculaire. Avant lui en effet, un seul prince a franchi la frontière de sa patrie: le grand-prince de Kiev Iziaslav... au XIe siècle ! Outre les questions diplomatiques, les buts poursuivis par Pierre sont assez précis: développement des constructions maritimes, organisation d'une artillerie puissante, invitation de spécialistes, formation de cadres russes...

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Le lit clos est à l'image de la cabane. Quand on pense que Pierre mesurait 2m04 !
L'étrange prédilection du tsar pour les petites pièces à plafond bas est connue.










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" Rien n'est petit pour un grand homme "

La légende attribue ces mots à  Napoléon quand il a visité la maisonnette en octobre 1811, mais aucun document ne le prouve. Napoléon a visité la maisonnette en coup de vent, sans paraître y prendre le moindre intérêt. Des témoins parlent même de son sourire moqueur.






hollande-avril-2011-4-226.JPGÇa penche, et pas qu'un peu !

hollande-avril-2011-4-098.JPGPierre est venu en Hollande pour s'instruire au contact des étrangers:
" Mon rang est celui d'un élève et j'ai besoin de maîtres "
(inscription sur le sceau particulier de "Pierre Mikhaïlov" pendant le voyage)

hollande-avril-2011-4-101.JPGDès son arrivée, Pierre se présente comme charpentier au chantier naval de Lijns Teeuwisz Rogge et se met à manier la hache et le rabot. Il parcourt les canaux, visite les filatures, les scieries et les huileries locales.

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" Telle il fit la Russie, telle elle sera; aimée des bons, aimée elle restera - terrible aux ennemis, terrible elle sera - glorieuse dans le monde, et elle ne cessera pas d'être glorieuse. "

(extrait de l'oraison funèbre de Théophane sur Pierre le Grand présenté dans la maisonnette)

hollande-avril-2011-4-174.JPGLes habitants de Zaandam comprennent vite que le géant russe Pierre Mikhaïlov est le tsar. Pas de doute possible ! La curiosité des Hollandais est telle que Pierre ne peut plus se déplacer tranquillement. Des attroupements se forment devant sa maison. Exaspéré, Pierre plie bagage au bout de quelques jours et retourne à Amsterdam. Le séjour à Zaandam a été bref, 8 jours, mais il a pris la valeur d'un symbole et reste gravé dans les mémoires d'une manière étonnante. Pierre reviendra à Zaandam en mai 1698 et en mars 1717 et à chaque fois il rendra visite à son vieil ami Kist dans sa demeure sur le Krimp. En 1717, il est accompagné de son épouse Catherine. 

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En 1782, le grand-duc héritier Paul Pétrovitch (le futur Paul Ier, arrière-petit-fils de Pierre Ier) et son épouse font le pèlerinage. Leur fils, Alexandre Ier, vient en 1814.

hollande-avril-2011-4-138.JPGLe grand-duc héritier Alexandre Nikolaïévitch, le futur Alexandre II, se rend à Zaandam en 1839, accompagné de sa tante Anna Pavlovna. De nombreuses plaques rappellent les augustes visites, mais ce qui frappe le plus, ce sont les graffiti qui recouvrent entièrement les murs et les vitres.
hollande-avril-2011-058.JPGLe tableau (une copie?) de Christiaan Julius Lodewijk Portman représentant la visite d'Alexandre Nikolaïévitch en 1839 est conservé à l'Ermitage d'Amsterdam (il y aurait une autre version au Rijksmuseum). A l'occasion de la visite du grand-duc héritier Alexandre Nikolaïévitch, Joukovski qui l'accompagnait a composé ces vers:

 " Sur cette humble demeure
Planent les anges saints
Tsarévitch ! Incline-toi,
Ici est le berceau de ton empire.
Ici est née la grandeur de la Russie. "

" Над бедной хижиною сей
Витают Ангелы святые:
Великий князь, благоговей!
Здесь колыбель империи твоей,
Здесь родилась великая Россия ! "


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Un autre grand-duc héritier est venu à Zaandam, Nicolas Alexandrovitch, un an avant sa mort à Nice. Voici les vers du prince Pierre Viazemski à la double mémoire de Pierre le Grand et du tsarévitch Nicolas Alexandrovitch:

" Et lui aussi, le jeune Héritier des Tsars,
Il est apparu dans cette modeste demeure,
Creuset de la gloire de la Russie,
Où un jour notre Pierre, l'héroïque travailleur,
Elabora lui-même de sa main prophétique
Les éléments futurs de sa puissance.
Ici est l'école des Princes ! La source
Des profondes pensées, des hautes inspirations,
Source, où s'abreuveront jusqu'à la postérité la plus reculée,
Les mers russes et le continent de la Russie.
Dans ce sanctuaire, le jeune pèlerin,
S'inclinant devant la mémoire éclatante de Pierre,
Brûlant comme lui d'amour pour la patrie,
Reccueillit d'une oreille pieuse, d'une âme avide,
Dans une silencieuse méditation, la tradition du passé.
Il lut la grande et glorieuse chronique
Que l'aïeul légua lui-même à ses successeurs,
Comme une leçon, comme un exemple.
Ici, du fond de son coeur ému, agité, la prière
S'éleva vers la Providence,
Afin qu'à lui aussi, quand Dieu en fixerait l'heure,
Il fut donné d'accomplir sans reproche son oeuvre souveraine,
En se livrant tout entier en gage à la patrie.
Et de nombreuses pensées bouillonnèrent dans sa jeune âme.
Et son regard illuminé se voila de larmes.
Mais ces jeunes pensées ne devaient point mûrir pour la moisson,
L'orage les faucha dans leur germe;
Et, affranchis du tombeau et de la vie éphémère,
- L'un lutteur dans le combat terrestre,
- L'autre, hôte d'un jour, comme un ange,
Apparu sur la terre pour y resplendir, non pour l'habiter,
L'aïeul et l'arrière-petit-fils sont réunis dans la vie éternelle,
Mais fidèles à l'amour et aux serments des anciens jours,
Aimant la Russie d'un amour infini,
Tous deux planent sur elle, pour elle,
prient tous deux. "

 
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Pierre Ier à Zaandam

hollande-avril-2011-4-318.JPGLa rivière Zaan

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Pèlerinage à Zaandam - 2ème partie







Pèlerinage à Zaandam - 2ème partie

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Après la maisonnette du tsar Pierre Ier, on se rend sur la place centrale de Zaandam, le Dam. Avec l'impression d'être à Saint-Pétersbourg.

pierre-le-grand-zaandam-m-5.JPGC'est le séjour de Pierre le Grand à Zaandam en tant que charpentier dans un chantier naval qui a inspiré le sculpteur Léopold Bernstamm. Le tsar est resté plus longtemps à Amsterdam, mais c'est le séjour de Zaandam qui reste dans les mémoires, une fois de plus. Le monument original se trouvait autrefois à Pétersbourg.

pierre-le-grand-zaandam-m-2.JPG"Le tsar Pierre Ier apprend la construction navale à Saardam en 1697
Don de l'empereur Nicolas II à la ville de Saardam en 1911"
Sans le savoir Nicolas II a été prévoyant en offrant à Zaandam (Saardam comme disaient les Russes) une copie de la sculpture installée à Pétersbourg. Comme on le verra plus loin, cette copie s'est révélée d'une grande utilité.

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pierre-le-grand-zaandam-m-4Le "Tsar charpentier" de Zaandam

Le "Tsar charpentier" de Zaandam (1911) était la copie d'un monument pétersbourgeois (1910). Révolution bolchévique oblige, le monument pétersbourgeois a été démonté et détruit. Celui qui orne le quai de l'Amirauté à Pétersbourg aujourd'hui (ci-dessous) n'est pas l'original, c'est un cadeau des Hollandais datant de 1996.

pierre-le-grand-spb.jpgEn 1911, c'est la Russie qui a offert un "Pierre Ier" à la Hollande et, bien des années plus tard, c'est le contraire. En 1996, l'inauguration du cadeau hollandais a eu lieu en présence de l'héritier du trône, le prince Willem-Alexander des Pays-Bas.

pierre-le-grand-spb-1910-2-copie-1.jpgInauguration du monument quai de l'Amirauté en juin 1910 (ci-contre). En 1907, le sculpteur Bernstamm qui travaille à Paris présente deux modèles de monuments dédiés à Pierre le Grand: "Pierre Ier apprend la construction navale à Saardam en 1697" et "Pierre Ier sauvant des pêcheurs près de Lakhta en 1724". L'empereur Nicolas II achète les deux sculptures qui sont ensuite fondues en bronze à Paris et offertes à la ville de Pétersbourg pour le bicentenaire de la victoire de Poltava. Les deux monuments sont installés sur le quai de l'Amirauté, au bord de la Néva: "Pierre Ier sauvant les pêcheurs" près du pavillon ouest de l'Amirauté, en 1909, et le "Tsar charpentier" près du pavillon est, un an plus tard.

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Le monument du quai de l'Amirauté a été démonté et détruit en janvier 1919















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Nicolas II avait aussi commandé une copie plus petite. C'est elle qui devait être offerte à la Hollande, mais les dimensions réduites ne convenaient pas à la place de Zaandam. Alors cette copie devenue inutile a été apportée de Paris à Pétersbourg et placée dans le Jardin d'Eté (cette statue a été détruite en 1934).




pierre-le-grand-1996.jpg1996: la Russie fête les tricentenaires de la flotte russe et de la Grande Ambassade. Et Pierre Ier revient à Pétersbourg !


pierre-le-grand-spb-au.jpg
" Héros, académicien,
Explorateur ou charpentier,
Son âme ne repoussait rien,
Il fut éternel ouvrier. "

Alexandre Pouchkine, 1826

" То академик, то герой,
То мореплаватель, то плотник,
Он всеобъемлющей душой
На троне вечный был работник. "




Le cadeau de Gazprom: un Pétersbourg miniature

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http://mini-spb.ru/guide/#visitor

L'événement de la semaine à Saint-Pétersbourg, à part le Forum économique international, c'est l'inauguration d'une "mini-ville", dans
le parc Alexandre, près de la station de métro Gorkovskaïa.
matvienko-miller-15-juin-2011.jpgLe gouverneur de Saint-Pétersbourg Valentina Matvienko et le généreux patron de Gazprom Alexeï Miller, le 15 juin, le jour de l'inauguration.

L'idée d'un cadeau à sa ville natale est venue à Alexeï Borissovitch lors d'un voyage aux Pays-Bas. Il a rencontré le sculpteur Alexandre Taratynov, l'auteur d'un ensemble sculptural inspiré de "La ronde de nuit" de Rembrandt. Une oeuvre analogue était envisagée avec un tableau russe, mais ce n'est pas ce projet qui a été retenu. La mode est aux miniatures.

saint-petersbourg-2011-1-4.JPGAlexandre Taratynov, l'auteur du projet, fait la visite. Les reproductions des monuments les plus célèbres de Piter sont en bronze, au 1/33ème. Ci-dessus, la cathédrale Saint-Isaac.

matvienko-miller-2011-spb-2
saint-petersbourg-2011-mini-4.JPGLa cathédrale du Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé

Les Pétersbourgeois s'inquiètent déjà pour tous les petits détails qui risquent d'être dérobés rapidement. Malheureusement, il y a des précédents et les gens sont plutôt pessimistes. J'ai lu dans un article qu'il y aurait un poste de garde 24h/24.

strelka-spb-mini.JPGSe transformer en Gulliver et visiter Piter à pas de géant... Les enfants vont apprécier ! Ci-dessus, la pointe de l'île Vassilievski avec le bâtiment de la Bourse et les colonnes rostrales.

saint-petersbourg-mini-1
Quelques photos prises à la fin du mois de mai, avant l'inauguration:

saint-petersbourg-mai-2011-1-9.JPGLa cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul et les remparts de la forteresse.

saint-petersbourg-mai-2011-1-11.JPGLe château Saint-Michel. Selon le sculpteur A. Taratynov, d'autres monuments pourraient encore être réalisés.

saint-petersbourg-2011-1-6.JPGNotre-Dame-de-Kazan

saint-petersbourg-2011-1-3.JPGOutre les miniatures, il y a aussi un monument aux plus célèbres architectes de la ville: Trezzini, Rastrelli, Rossi, Montferrand, Thomas de Thomon...

saint-petersbourg-mai-2011-1-6.JPGEt Pierre, le saint patron de la ville.

Valentina Matvienko était enthousiaste lors de l'inauguration et a même plaisanté en proposant d'ériger un monument à la gloire du patron de Gazprom. Pas sûr que les Pétersbourgeois, à peine réchappés du scandale "Okhta-Centre", aient apprécié son humour.



Photos:

www.gov.spb.ru
www.fontanka.ru

www.neva24.ru
www.regnum.ru






Bonne année à toutes et à tous!

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Léningrad sur quelques cartes postales soviétiques pour vous souhaiter une belle année 2012.

С Новым 2012 годом!


bonne-annee-leningrad-1957-2.jpg 
bonne-annee-leningrad-1957.jpg 
bonne-annee-leningrad-3.jpg
bonne-annee-leningrad-2.jpg
bonne-annee-leningrad-5.jpg
bonne-annee-leningrad-6
bonne-annee-leningrad-9.jpg
bonne-annee-leningrad-12.jpg

 

http://retropost.ru/







København

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Quelques photos de 2011 pour commencer 2012. Direction Copenhague...
danemark-juillet-2011-030.JPGL'église Saint-Alexandre-Nevski (Alexander Nevsky Kirke) sur la très sélecte Bredgade, en plein centre-ville, à deux pas du palais royal d'Amalienborg.

danemark-juillet-2011 032C'est Alexandre III qui a acheté un terrain à Copenhague au début des années 1880 pour y construire une église orthodoxe dans le style néo-russe qu'il affectionnait. L'initiative revient surement à son épouse Marie Fédorovna, née princesse Dagmar de Danemark. L'architecte est David Grimm (le même à qui l'on doit notamment le château Valrose de Nice).

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copenhague-22.jpgSource

copenhague

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Le buste de Marie Fédorovna dans la cour de l'église. Sculpteur Mark Antokolski, 1887
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J'ai parlé à plusieurs reprises de cette princesse danoise devenue l'avant-dernière impératrice de Russie:

Dagmar et son premier fiancé, le grand-duc héritier Nicolas Alexandrovitch

Marie Fédorovna, sa soeur Alexandra, et leurs fils, Nicky et Georgie

La broche de Minnie

Le kokochnik d'Elizabeth II, inspiré de celui de Marie Fédorovna

Deux tableaux

danemark-juillet-2011-157.JPGLes princesses Alexandra et Dagmar par Elisabeth Jerichau Baumann, 1856
J'avais vu une reproduction de mauvaise qualité dans un livre, et j'ai été ravie de voir le tableau au palais d'Amalienborg à Copenhague.

danemark-juillet-2011-152.JPG
dagmar-famille-4La reine Louise de Danemark entourée de quatre de ses enfants: (de gauche à droite) Thyra, future princesse de Hanovre et duchesse de Cumberland, Valdemar, Alexandra, future reine de Grande-Bretagne, et Dagmar, future impératrice de Russie.

dagmar-11
La princesse Dagmar quitte son Danemark natal à bord du navire royal "Slesvig" en 1866.

alexandre-marie-1866.jpgLe grand-duc héritier Alexandre, le futur tsar Alexandre III, et sa fiancée en 1866

alexandra-marie-3.jpgLe roi Christian IX de Danemark et ses filles, Alexandra, alors princesse de Galles (à gauche), et Marie Fédorovna, impératrice de Russie, Copenhague, années 1880

danemark-juillet-2011-068.JPGUn tableau dans le palais d'Amalienborg. Je pense que c'est Marie Fédorovna qui est représentée, mais je n'ai pas d'autres indications.

dagmar-danemark-2.JPGRéfugiée à Copenhague après le coup d'Etat bolchévique, Marie Fédorovna est ici au bras de sa soeur Thyra. Au dernier rang, son frère Valdemar. Marie Fédorovna n'a jamais cru à la mort de son fils Nicolas II et de sa famille.

dagmar-1928-2.JPGEn octobre 1928, les funérailles de Marie Fédorovna sont célébrées en l'église Saint-Alexandre-Nevski de Copenhague en présence des représentants des familles royales européennes, parmi eux le roi Haakon VII de Norvège (le neveu de Marie Fédorovna), le roi des Belges Albert Ier avec l'héritier Léopold, ainsi que les futurs rois d'Angleterre et petits-neveux de Marie Fédorovna, Edouard VIII et George VI.

irina-nikita-2.JPGLes petits-enfants de Marie Fédorovna, la princesse Irina Youssoupov, née princesse de Russie, et son frère le prince Nikita de Russie viennent assister au service religieux en l'église Saint-Alexandre-Nevski. Photo tirée du livre de Jacques Ferrand sur les princes Youssoupov.

Les prochains articles de ce blog vont parler des Youssoupov et de leur château en Bretagne (si je remets la main sur mes photos de voyage!).

Marie Fédorovna est ensuite inhumée à la nécropole royale de Roskilde, non loin de Copenhague.

danemark-allemagne 003La cathédrale de Roskilde. Eté 2011.

roskilde.jpgSource
Après des années de négocations avec la reine Margrethe II de Danemark, le transfert des cendres de Marie Fédorovna à Saint-Pétersbourg a enfin pu avoir lieu, en 2006. Margrethe II est par ailleurs une descendante du tsar Nicolas Ier par son arrière-grand-mère, la grande-duchesse Anastasia Mikhaïlovna de Russie.


iconeL'icône la plus connue de l'église Saint-Alexandre-Nevski de Copenhague, l'icône de la Mère de Dieu "de Jérusalem". L'impératrice l'a reçue de moines russes du mont Athos quelques mois avant sa mort. En 1995, l'icône a "pleuré". Une copie de l'icône a été offerte à la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Saint-Pétersbourg où Marie Fédorovna repose désormais auprès de son époux Alexandre III. Marie Fédorovna a reçu une autre icône à la fin de sa vie, une véritable relique, une icône de la Mère de Dieu aux trois mains, qui se trouvait dans la maison Ipatiev à Ekatérinbourg au moment du massacre de Nicolas II et de sa famille. Après la mort de Marie Fédorovna, l'icône était conservée par ses descendants qui en ont fait don en 2003 à l'église construite sur les lieux du massacre d'Ekatérinbourg.

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Carte postale éditée par la Société historique et culturelle Dagmaria à l'occasion du transfert des cendres de Marie Fédorovna à Saint-Pétersbourg en 2006. L'itinéraire repète celui emprunté par la jeune Dagmar 140 ans plus tôt. Les vers sont du plus célèbre des Danois, Hans Christian Andersen, qui avait assisté avec appréhension en 1866 au départ de la princesse pour la Russie.
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Orfèvrerie russe

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Ayant récemment déménagé, je ressors les livres de leurs cartons. Comme cet album acheté à Paris, bilingue, en russe et en anglais. Edité par "Beresta" à Moscou en 1994.
Il présente des objets d'orfèvrerie du musée des Arts décoratifs et appliqués et de l'art populaire de Moscou. L'accent dans ce livre est mis sur le "style russe" très à la mode dès le milieu du XIXe siècle. Les deux centres principaux de production étaient Saint-Pétersbourg et Moscou, mais c'est surtout à Moscou que le style national s'est développé.






argent-russe-f.JPGStatuette "Troïka"
Firme Sazikov, Moscou, 1865


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Le livre se penche sur les orfèvres russes de l'époque: Verkhovtsev, Goubkine, Fabergé, Morozov, Semenov, Ovtchinnikov, Sokolov, Gratchev, Postnikov, Khlebnikov, Lorié, Némirov-Kolodkine, Milioukov et Kourlioukov. Parmi les fers de lance du style néo-russe, l'atelier Sazikov qui a été fondé en 1793 par le marchand Pavel Fédorovitch Sazikov. Sous Nicolas Ier, la firme devient fournisseur de la Cour impériale, d'où l'apparition de l'aile bicéphale sur son poinçon ci-dessus. En 1851, la firme participe à l'exposition universelle de Londres et fait sensation en présentant des objets qui pour une fois ne sont pas d'inspiration étrangère. La même tendance nationale s'observe dans la peinture, la sculpture, l'architecture... C'est l'époque de l'historicisme.


argent-russe-a.JPGPorte-verre
Manufacture Milioukov, Moscou, années 1870
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argent-russe-gService à liqueur en trompe-l'oeil. Il imite l'écorce de bouleau, le matériau russe par excellence
Saint-Pétersbourg, 1882


argent-russe-jThéière en vermeil avec une représentation de la tour Soukharev de Moscou. Le décor niellé est aussi caractéristique du style russe.
Firme Ovtchinnikov, 1887


Le folklore russe devient aussi une source d'inspiration.
argent-russe-h.JPGCuillère en argent émaillé décorée de l'oiseau Sirine, Moscou, 1908-1917
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russie-orfevrerie-26-2.JPGLe "style russe" se retrouve dans les formes typiques de la Russie ancienne, comme pour cette coupe destinée à puiser de la bière (Moscou, 1908-1917)





Les Youssoupov en Bretagne - Keriolet - 1ère partie

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1ère partie - Le comte et la comtesse de Chauveau à Keriolet

Cela faisait longtemps que je voulais visiter cet endroit et c'est chose faite, enfin ! Le manoir de Keriolet, sur les hauteurs de Concarneau, et les Youssoupov, c'est avant tout le procès intenté dans les années 1940 et 1950 par Félix Youssoupov contre le département du Finistère. Le prince en exil a réussi à récupérer l'héritage de son arrière-grand-mère avant  de vendre et démanteler tout ce qui pouvait l'être et de finalement vendre le manoir lui-même.

Aujourd'hui propriété privée, le manoir est ouvert au public et des travaux de restauration sont en cours. Les photos datent de septembre 2011.

keriolet-159.JPG La façade sud, la plus foisonnante, donne sur le jardin et le parc. En breton ancien, Keriolet se traduit approximativement par "maison du soleil" ou "maison de la lumière".

chauveau-ferrandLes origines de Keriolet sont attestées à partir du XVe siècle. Le manoir a souvent changé de propriétaires. En 1862, il passe aux mains de Louis-Charles-Honoré de Chauveau, comte de Chauveau et marquis de Serres, membre du Conseil général du Finistère pour le canton de Concarneau. Et c'est à ce moment que la famille Youssoupov apparaît dans l'histoire avec l'épouse du comte de Chauveau, Zénaïde.
  
zinaide-youssoupovZénaïde Ivanovna Narychkine (1809, Moscou - 1893, Boulogne-sur-Seine), princesse Youssoupov par son mariage avec Boris Nikolaïévitch Youssoupov, puis comtesse de Chauveau en secondes noces. Portrait par Christina Robertson, années 1840.

En 1855, veuve, Zénaïde Youssoupov quitte la Russie et s'installe en France, dans un splendide hôtel particulier à Boulogne, près de Paris. C'est lors d'un bal donné au palais de l'Elysée par la princesse Mathilde Bonaparte qu'elle aurait fait la connaissance d'un jeune officier, Charles Chauveau. Zénaïde décide de l'épouser malgré une grande différence d'âge. Charles est d'origine roturière et Zénaïde lui fait attribuer les titres de comte de Chauveau et de marquis de Serres. La cérémonie nuptiale a lieu en Russie, à Saint-Pétersbourg, dans la chapelle du palais Youssoupov de l'avenue Liteïny, en 1861.


zenaide-ivanovna-youssoupova

    "J'ai eu, dans mon enfance, la chance assez rare de connaître une de mes arrière-grand-mères, Zénaïde Ivanovna, princesse Youssoupoff, devenue par son second mariage comtesse de Chauveau. Je n'avais que dix ans lorsqu'elle mourut, mais son souvenir n'en est pas moins resté gravé très nettement dans ma mémoire.
   Sa merveilleuse beauté avait fait l'admiration de tous ses contemporains. Elle avait mené une vie fort gaie et connu de nombreuses aventures. [...]
    Quand son fils se maria, elle abandonna au jeune ménage la maison de la Moïka, à Saint-Pétersbourg, pour s'installer chez elle, rue Liteinaïa, dans une maison qu'elle avait fait construire sur le modèle de celle de la Moïka.
   Longtemps après sa mort, comme je classais ses papiers, je trouvai, parmi toute une correspondance signée des plus grands noms de l'époque, des lettres de l'empereur Nicolas Ier, qui ne laissaient aucun doute sur le caractère de leur intimité. [...]
    Deux ou trois ans plus tard, s'étant querellée avec l'Empereur, elle partit pour l'étranger. Elle s'installa à Paris, dans un hôtel qu'elle avait acheté au Parc des Princes. Tout le Paris du Second Empire défila chez elle. Napoléon III ne fut pas insensible à ses charmes et lui fit quelques avances qui restèrent sans écho. A un bal des Tuileries on lui présenta un jeune officier français, de bonne mine mais de petite fortune, nommé Chauveau. Ce bel officier lui plut et elle le nantit d'un titre de comte, tandis qu'elle-même se faisait octroyer celui de marquise de Serre. [...]
    Chaque année, nous rendions visite à mon arrière-grand-mère, à Paris. Elle vivait seule avec une dame de compagnie dans son hôtel du Parc des Princes. Nous logions dans un pavillon relié à l'hôtel par un souterrain, et n'allions chez elle que le soir. Je la revois, trônant dans un grand fauteuil dont le dossier était orné de trois couronnes: l'une de prince, l'autre de marquis, la troisième de comte. Malgré son âge avancé, elle était encore belle, et elle avait conservé toute la majesté de son allure et la noblesse de son maintien. Toujours fardée et parfumée avec soin, elle portait une perruque rousse et se parait d'un nombre imposant de colliers de perles.
    Elle se révélait, dans certains détails, d'une singulière avarice. C'est ainsi qu'elle nous offrait des chocolats moisis qu'elle conservait
dans une bonbonnière en cristal de roche incrustée de pierreries. J'étais seul à y faire honneur et je crois bien que de là venait la préférence qu'elle me marquait. En me voyant accepter ce que tous les autres refusaient, Bonne Maman me caressait avec affection en disant: "Cet enfant me plaît."
     Elle mourut centenaire, à Paris, en 1897, laissant à ma mère tous ses bijoux, à mon frère l'hôtel du Parc des Princes et à moi-même ses maisons de Saint-Pétersbourg et de Moscou."
Prince Félix Youssoupoff, Mémoires, Editions du Rocher, pp. 29-30
youssoupov-memoires

Zénaïde fait venir tapissiers et décorateurs de Paris, et commence à installer à Keriolet une partie de ses collections. Très vite, le manoir apparaît trop petit. Zénaïde et Charles décident de l'agrandir en faisant appel à l'architecte le plus renommé des environs, Joseph Bigot. Ce dernier décrit ainsi Keriolet avant les travaux: "dans le temps, une simple maison s'élevait à cet endroit. Elle était habitée par des cultivateurs. Ce bâtiment pouvait à peine être classé au nombre des plus humbles manoirs. Il avait un rez-de-chaussée peu élevé mais double. Du côté du midi montait un premier étage couvert d'un grenier mansardé. Vers le nord, le toit se prolongeait en appentis. Le dimanche et jours de fêtes, les marins venaient se reposer avec leur famille à l'ombre des grands arbres que l'on voyait comme aujourd'hui dans ce lieu..."

bretagne-septembre-2011 057La tour de l'Ange, ainsi nommée du fait de la présence à son sommet de la statue de l'ange Gabriel soufflant dans la corne pour annoncer le Jugement Dernier. Cette tour donnait accès au logement des Invités.

En 1863, l'architecte Bigot propose aux châtelains deux projets de style élisabéthain qui sont rejetés en faveur d'un style néogothique plus proche de la renaissance bretonne car, selon Zénaïde: "puisque je suis en Bretagne, dans le pays de la bonne duchesse Anne, construisons des édifices de style breton. Je renonce à ma première idée..." La princesse met cependant une condition: elle veut pouvoir venir à Keriolet et y vivre sans être dérangée par les travaux et sans qu'aucun ouvrier n'entre dans la maison: "puisque je suis logée dans cette maison, j'y reste. Je suis venue loin du monde pour respirer l'air pur et goûter le calme que l'on trouve dans le bon pays de Bretagne. Je ne voudrais pas que mon modeste logis fût envahi maintenant par les ouvriers. Trouvez un moyen d'en changer l'aspect extérieur sans qu'un ouvrier y pénètre pour démolir et je vous laisse libre d'agir..."

Le montant total des travaux, financés par Zénaïde, s'élève à un million et demi de francs de l'époque.

bretagne-septembre-2011 063Les couronnes de comte de Chauveau et de marquis de Serres rappellent les titres de Charles et une devise liée à ces titres, devenue aujourd'hui celle du château "Toujours et quand même"

bretagne-septembre-2011 090Le cavalier est Louis XII, roi de France et époux d'Anne de Bretagne. Au-dessus, sur le pignon de la salle des Gardes, tourné vers l'est, vers le pays natal de la princesse Zénaïde, un ours rappelle ses origines.

keriolet-005.JPGLa salle des Gardes, la plus somptueuse de toutes, a été construite dans les années 1880. Elle servait occasionnellement de salle de bal. Haute de 7 mètres, elle est ornée d'un magnifique plafond à caissons de chêne. bretagne-septembre-2011 096La grande cheminée est en pierre de Kersanton. Au-dessus du foyer, sur des phylactères, la devise du comte de Chauveau "Tout est honneur et loyauté, tout est lumière et vérité". Un chevalier cuirassé représente Charles. Au-dessus de lui, sur le manteau de la cheminée, l'arbre généalogique blasonné des Chauveau côtoie quatre saynètes en tuffeau rappelant les exploits des plus valeureux "ancêtres" de Charles.
bretagne-septembre-2011 098Toujours sur le thème de la "noble famille de Chauveau" ou comment refaire l'histoire, les quatre vitraux du mur nord représentent aussi des ancêtres dont les origines remontent aux croisades et qui se sont illustrés en Bretagne jusqu'à l'extinction de la lignée à la fin du Moyen Age. Mais Charles est né roturier. En achetant le titre, il reprend à son compte non seulement le nom mais aussi les exploits de ces Chauveau !

Un article sur la salle des Gardes tiré du livre de Jacques Ferrand sur les Youssoupov.
Cliquer sur l'article pour l'agrandir

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027Au temps du comte, l'entrée principale se faisait par ce donjon dans la cour intérieure. On accède aux étages par une porte en chêne. La première chambre du donjon abritait le bureau du comte, et la seconde sa bibliothèque.

keriolet-137La tour de garde dite "tour de guet" date de 1879. Elle abritait l'un des gardiens et sa famille. C'est l'entrée actuelle des visiteurs. Près de cette tour, deux chiens montent la garde, avec un avertissement très clair: "Cave canem" (Attention au chien).
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047.JPGLa tour Marie-Jeanne date des années 1880. Elle doit son surnom à la cuisinière du château qui logeait là au temps des Chauveau. Au pied de la tour, dans le jardinet délimité par le mur et les petites douves, se trouvait un calvaire aujourd'hui disparu.
keriolet-calvaire.jpg(Illustration tirée du guide de Stéphanie Gohin, "Il était une fois... Keriolet").


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En 1889, Charles de Chauveau décède à Keriolet. La princesse Zénaïde n'a donc plus de raisons de rester ici car l'âge avançant, elle supporte de plus en plus mal le voyage entre sa villa de Boulogne et Concarneau. Et puisqu'aucun enfant n'est né de ce mariage, Charles lègue Keriolet à sa soeur, sans en avoir averti son épouse ! Bien qu'elle ait investi une grande part de sa fortune dans la reconstruction, la décoration et l'enrichissement des collections de Keriolet, Zénaïde doit racheter le château à sa belle-soeur pour un million et demi de francs. Cependant elle ne tient pas à y rester et propose au Conseil général du Finistère de le lui offrir, collections comprises, sous réserve d'usufruit, et à certaines conditions (ce qui est important pour la suite): "la donation est faite à la charge pour le département du Finistère d'exécuter les conditions suivantes sous peine de résolution de la donation à la demande des héritiers de la donatrice... d'utiliser le château et le parc pour l'instruction artistique et la promenade des habitants du département et des visiteurs sans pouvoir dénaturer soit les bâtiments, soit le mobilier qui les garnit, ni détruire les ombrages; de n'y pouvoir former aucun établissement si ce n'est un musée qui n'en dénaturerait pas le caractère artistique..." Rien ne doit être prêté ni vendu. Le Conseil général accepte la donation en 1891. Le domaine de Keriolet est alors estimé à presque 50 hectares, dont 4 réservés (château, annexes et parc). En 1893, la princesse Zénaïde, comtesse de Chauveau, décède en son hôtel particulier à Boulogne. Le legs au département devient effectif.


beuzec-conq.JPGQuittons le château pour le village de Beuzec-Conq où se trouve le caveau de Charles de Chauveau décédé en 1889. Lors du transfert du cimetière quelques années auparavant, le comte de Chauveau (alors maire de Beuzec) réserve deux emplacements à l'entrée du nouveau cimetière pour y installer sa sépulture, et demande à l'architecte Bigot de lui réaliser ce caveau dont le style n'est pas sans rappeler celui du château. La sépulture abrite aussi les parents de Charles, ses frères et ses soeurs. Toujours dévouée à son défunt époux, Zénaïde vend, en 1892, aux soeurs de la Charité de Beuzec, un terrain pour bâtir une école de jeunes filles dans le bourg. Elle assortit la vente de plusieurs conditions, parmi lesquelles figure l'obligation pour les soeurs d'assurer l'entretien du caveau, d'y maintenir toujours une bougie allumée et de prier pour le repos de l'âme des défunts qui sont là. Le départ des nonnes du village après la seconde guerre mondiale sonne la fin de cet accord.



Stéphanie Gohin, Il était une fois... Keriolet, 2005
Jacques Ferrand, Les Princes Youssoupoff et les comtes Soumarokoff-Elston, Paris, 1991
Prince Félix Youssoupoff, Mémoires, Editions du Rocher, 2005
http://www.chateaudekeriolet.com/



A suivre... par ici




Les Youssoupov en Bretagne - Keriolet - 2ème partie

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2ème partie - Le procès 

(1ère partie par ici)


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La princesse Zénaïde Ivanovna Youssoupov, comtesse de Chauveau en secondes noces, fait donation de Keriolet au département du Finistère. Un comité de surveillance et un conservateur sont nommés. Un administrateur résidant sur le domaine est chargé de toutes les tâches de surveillance et d'administration.
Par précaution, dès le début de la Seconde Guerre mondiale, les collections sont envoyées au château de la Lorie dans le Maine-et-Loire et Keriolet traverse le conflit sans trop de dégâts.

felix-youssoupov-1925.jpgFélix Youssoupov en 1925

Le prince Félix Youssoupov ne pensait plus au château breton de son arrière-grand-mère Zénaïde Ivanovna. L'affaire de la donation lui est remise en mémoire par la découverte, parmi les papiers de sa mère, d'une enveloppe au nom de l'avocat qui avait été chargé d'étudier la question. Cet avocat avait dissuadé la mère de Félix Youssoupov
de faire valoir ses droits pour cause de prescription. En 1948, Félix Youssoupov mandate tout de même un expert pour vérifier l'état du château et les conditions de la donation faite par son aïeule. L'expert met en lumière la violation de plusieurs clauses: coupes d'arbres illégales, vente du mobilier domestique, transfert de l'autel original de Keriolet à l'église de Névez, transfert de tapisseries flamandes au musée de Quimper, vente de parcelles, installation d'un hôpital dans le château en 1944, création et location de jardins ouvriers dans le parc, organisation de kermesses... Félix Youssoupov s'estime donc en droit de réclamer l'héritage de son aïeule pour l'inexécution des charges et conditions imposées par la donation. Le prince demande en outre une indemnité compensatoire de quatre millions pour dépréciation du bien. De son côté, le Conseil général nomme un autre expert qui ne constate que des infractions mineures. Le préfet argue de la prescription trentenaire pour les faits antérieurs à 1920 et une période d'exception courant de juillet 1940 à mai 1946. Félix Youssoupov est débouté, mais il n'en reste pas là.

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En 1952, Félix Youssoupov assigne le préfet à comparaître devant le tribunal civil de première instance de Quimper et il est à nouveau débouté.

felix-youssoupov-1950.jpgFélix Youssoupov vers 1950

En 1954, Félix Youssoupov fait appel du jugement devant une instance supérieure, la première chambre civile de la cour d'appel de Rennes. Les juges rennais font le déplacement à Keriolet et rendent finalement une sentence en faveur du descendant de Zénaïde Ivanovna. En juillet 1958, les experts nommés par la Cour d'appel de Rennes estiment à 25 millions le préjudice imputable au Conseil général à Keriolet, cette somme devant être versée au prince Félix Youssoupov.

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A peine Félix Youssoupov est-il entré en possession de son héritage qu'il s'empresse de le vendre pour rembourser ses créanciers. Il vide progressivement le château de son contenu, les meubles et les collections sont dispersés. Après le contenu, Félix décide de vendre le domaine. Il le propose au Conseil municipal de Concarneau et tente de le convaincre en offrant l'imposante margelle du puits de Keriolet. Le Conseil municipal accepte le cadeau (on peut voir le puits dans la Ville Close) mais n'achète pas le château. En mai 1960, le prince lotit et vend les terrains alentours. Le château est vendu en 1960. Sur les 43 hectares récupérés par Félix Youssoupov, il ne subsiste aujourd'hui que 2,5 hectares.

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La cuisine avec ses carreaux en faïence de Desvres
keriolet-faience-desvres

Le nouveau propriétaire de Keriolet est un hôtelier de Concarneau. Il renonce à son projet de transformer le château en hôtel, mais le pillage commence, dans la légalité puisque Keriolet ne bénéficie pas encore de la protection liée au statut de monument historique. Dans le jardin à l'abandon, les rares objets ayant échappé aux ventes de Félix Youssoupov sont pillés. Ainsi, une belle Velléda finit dans le jardin d'un particulier des environs. Mais le pire est à venir et le château va être défiguré.

keriolet-050.JPGLa façade est où se dressait autrefois la chapelle

En 1971, ne pouvant rien faire de Keriolet, l'hôtelier concarnois décide d'en tirer quelques profits en démantelant la chapelle du château, située à l'extrémité orientale de la façade sud. Les vitraux sont vendus à des particuliers. La chapelle est démontée pierre par pierre. Elles serviront à la construction d'une maison particulière dans le centre de Concarneau.

keriolet-chapelle.jpgA droite, la chapelle aujourd'hui détruite

En 1984, une SCI achète Keriolet et projette de diviser le château en appartements en vue de les louer. Le projet est abandonné en raison d'un coût trop élevé. Le bâtiment est de nouveau laissé au gré des vents jusqu'en 1987. Entre-temps, une procédure a été lancée pour le classement de Keriolet. Plusieurs parties du château sont inscrites à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques: façade sud, toitures, salle des Gardes avec sa cheminée et ses vitraux.


keriolet-144Deux statues du parterre de la façade sud, Charles VIII et Anne de Bretagne
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1987, une année noire pour Keriolet

Le 16 octobre, une violente tempête s'abat sur l'ouest de la France. La Bretagne est particulièrement touchée. Privé d'entretien véritable depuis des décennies, situé sur les hauteurs de Concarneau, Keriolet subit la tempête de plein fouet. Les arbres du parc sont à terre, les vitres et les vitraux brisés. Le toit est arraché, les charpentes endommagées. Durant les mois qui suivent, l'insuffisance de couverture provisoire sur les toits provoque de graves infiltrations d'eau.

Quelques semaines après la catastrophe, Keriolet reçoit la visite d'un jeune financier parisien, Christophe Lévêque. Il fait acquisition du château sur un coup de coeur, avec l'intention de le sauver du naufrage. Les travaux continuent de nos jours. Keriolet est ouvert aux visites de juin à septembre. Si vous passez dans le coin...





Stéphanie Gohin, Il était une fois... Keriolet, 2005

Jacques Ferrand, Les Princes Youssoupoff et les comtes Soumarokoff-Elston, Paris, 1991 (photos de Félix Youssoupov et illustrations en noir et blanc de cet article)

Prince Félix Youssoupov, Mémoires, Editions du Rocher, 2005

http://www.chateaudekeriolet.com/





Les chats pétersbourgeois de Vladimir Roumiantsev

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Котогалерея ♥ J'aime Saint-Pétersbourg et le moindre chat me fait perdre la tête. Tombée par hasard sur ces aquarelles de Vladimir Roumiantsev (né en 1957), c'est tout attendrie que je les partage avec vous. Merci au peintre !

vladimir-roumiantsev-petersbourg-4Romance pétersbourgeoise sur les quais

vladimir-roumiantsev-petersbourg-10 
vladimir-roumiantsev-petersbourg-12.jpgRencontre avec Alexandre Pouchkine

vladimir-roumiantsev-petersbourg-3.jpgL'ange de la forteresse

vladimir-roumiantsev-petersbourg-7.jpg
vladimir-roumiantsev-petersbourg-14.jpgSur les quais de la Néva

vladimir-roumiantsev-petersbourg-2.jpg
vladimir-roumiantsev-petersbourg-32.jpg
vladimir-roumiantsev-petersbourg-8.jpgAu boulot

vladimir-roumiantsev-petersbourg-6.jpg
vladimir-roumiantsev-petersbourg-9.jpgChaque 8 juin depuis 2005, Saint-Pétersbourg célèbre la Journée mondiale du chat pétersbourgeois, rien de moins ! Le musée de l'Ermitage fête lui aussi ses chats, au printemps.

vladimir-roumiantsev-petersbourg-35.jpg
vladimir-roumiantsev-petersbourg-20.jpg
vladimir-roumiantsev-petersbourg-33.jpg
vladimir-roumiantsev-petersbourg-40.jpg
vladimir-roumiantsev-petersbourg-30.jpgLe Zénith est champion !


Les chats pétersbourgeois de Vladimir Roumiantsev et de Tatiana Rodionova. Chanson de Zoya Yachtchenko et du groupe Belaya Gvardiya, "Piter".








Bibliothèque en ligne - Runivers.ru - Россия в подлиннике

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http://www.runivers.ru/, un site foisonnant sur l'histoire et la culture russes. Des livres, des livres et encore des livres, mais aussi d'innombrables illustrations, photos, cartes et atlas, des vidéos... Runivers continue son travail de numérisation et le site s'enrichit.


Bicentenaire oblige, 1812 est à l'honneur, à travers des livres et des articles.
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Au hasard, quelques photos dans le "style russe"
mourom-costumes-russes.jpg
Les soeurs Miazdrikov, 1903, Mourom, province de Vladimir


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Tous les numéros de la revue Russkij arkhiv sont disponibles en ligne depuis quelques jours. Editée mensuellement à Moscou de 1863 à 1917, la revue publiait des documents historiques, des mémoires, des journaux intimes, des correspondances, des articles de fond, des textes littéraires...









On trouve même des livres en français, comme celui-ci publié en 1862 à l'occasion du millénaire de la Russie.
peuples-russie.png
aleoutes-2


http://www.runivers.ru/




Bonne année 2013 !

La Madone d'Alba et les chefs-d'oeuvre perdus de l'Ermitage

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A la fin des années 1920 et pendant la première moitié des années 1930, le gouvernement soviétique cherche à financer l'industrialisation et il se met à piocher dans les collections du plus grand musée du pays, l'Ermitage de Léningrad. Peu importe le préjudice pour le patrimoine national, le pays a besoin de devises. Des centaines d'oeuvres sont vendues à l'étranger, des van Eyck, Titien, Rembrandt, Raphaël, Botticelli, Rubens, van Dyck, Hals, Velázquez, des objets en or, en argent... Certaines oeuvres faisaient partie des collections depuis l'époque de Catherine II.
 

madone-alba-w.jpg Raphaël
La Madone d'Alba

  env.1510

Acheté par Andrew Mellon en 1931
National Gallery of Art, Washington
  

 

La Madone d'Alba fait partie des oeuvres vendues. Elle avait été achetée par le tsar Nicolas Ier en 1836. On peut voir le tableau de Raphaël sur les aquarelles d'Edouard Hau (Гау).palais-hiver.jpgLe cabinet de l'impératrice Alexandra Fédorovna, l'épouse de Nicolas Ier, au palais d'Hiver.

edouard-hau-ermitage-1.jpgUne des salles italiennes du Nouvel Ermitage en 1860


"Il y a des gens, communistes et marxistes, qui sont contaminés par cette idée que nous avons besoin des Rembrandt et des Raphaël et qu'on ne peut pas les vendre. Quant à moi, j'attache plus de prix à la Gosbank et aux valeurs or, et Rembrandt, que le diable l'emporte! Il faut se débarrasser de la routine." 

Extrait du procès-verbal de la réunion de la Commission gouvernementale pour la surveillance de la sélection et de la vente des antiquités, juin 1929.

"Antikvariat" est l'organisation soviétique chargée d'organiser les exportations massives. Son premier président A.M. Ginzburg avait eu cette réflexion en examinant les collections de l'Ermitage: "Est-ce qu'il y a vraiment des imbéciles prêts à donner de l'argent pour ça?". Pas étonnant quand on sait que l'Antikvariat n'était pas dirigée par des spécialistes mais par des politiques membres du parti. Même le gouverneur de la Gosbank disait de ce Ginzburg "C'est un bon camarade, mais il commence seulement à distinguer Raphaël de Rembrandt".

"Raphaël ne vaut pas un centime".
De quoi a b
esoin la Russie? "D'un cordonnier, d'un tailleur, d'un boucher..."
(l
e nihiliste Bazarov du roman Pères et fils de Tourguéniev)



calouste-gulbenkian.jpg





Les premières
 ventes profitent à l'homme d'affaire arménien Calouste Gulbenkian, le fondateur et l'un des propriétaires de la Iraq Petroleum Compagny.








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L'un des principaux acheteurs est le banquier américain Andrew W. Mellon (1855-1937), secrétaire d'Etat au Trésor de 1921 à 1932 et amateur d'art. Il fait don au gouvernement américain d'une vingtaine de tableaux provenant du musée de l'Ermitage. Ils sont devenus le coeur de la National Gallery of Art de Washington que Mellon a contribué à fonder.







rembrandt-gulbenkian.jpgRembrandt, Portrait d'un vieillard, env. 1645
Acheté sous Catherine II. Vendu en 1930.
Musée Calouste Gulbenkian, Lisbonne

titien-venus.jpgTitien, Vénus au miroir, env. 1555
Acheté sous Nicolas Ier. Vendu en 1931.
National Gallery of Art, Washington

van-dyck-mellonA. Van Dyck, Portrait de Suzanne Fourment et sa fille, 1621
Acheté sous Catherine II. Vendu en 1930.
National Gallery of Art, Washington

velazquez.jpgD. Velázquez, Portrait du Pape Innocent X, env. 1650
Acheté sous Catherine II. Vendu en 1930.
National Gallery of Art, Washington

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La situation du pays est dramatique, la crise mondiale n'arrange rien, mais les sommes tirées de ces ventes à l'échelle de l'économie du pays sont insignifiantes, c'est une goutte d'eau ! Pendant de longues années, on s'en doute, l'exportation du patrimoine artistique est tenue secrète. La version officielle après la mort de Staline attribue à la guerre, aux incendies et autres catastrophes naturelles la perte d'une partie du patrimoine des musées! Une employée de l'Ermitage a raconté, après avoir quitté l'URSS, qu'en 1930 le directeur du musée lui avait demandé un jour de rester après le travail, de décrocher L'Annonciation de van Eyck (acheté sous Nicolas Ier) et de porter le tableau le soir même au commisiariat du Commerce extérieur. Le directeur lui ordonne aussi de revoir l'accrochage des tableaux sur le mur, afin que la disparition de L'Annonciation ne saute pas aux yeux des visiteurs. Le tout avec interdiction de poser la moindre question. L'Annonciation fait partie des tableaux vendus à Andrew Mellon et exposés à la National Gallery of Art à Washington.






  Certains tableaux vendus à Andrew Mellon sont  revenus à l'Ermitage le temps d'une exposition. J'ai ainsi eu la chance d'admirer la Madone d'Alba de Raphaël en 2004.

De nos jours, l'Ermitage possède encore deux tableaux de Raphaël, la Madone Conestabile, achetée en 1870 pour l'impératrice Marie Alexandrovna, et la Sainte Famille, achetée sous Catherine II en 1772. L'Ermitage abrite également les Loges de Raphaël, une copie de celles du Vatican, une commande de Catherine II.

 
Pour les russophones, un documentaire sur le sujet. Les musées ne sont pas à vendre !



A lire aussi De l'or pour l'industrialisation. La vente d'objets d'art par l'URSS en France pendant la période des plans quinquennaux de Stalin d'Elena A. Osokina dans les Cahiers du Monde russe vol. 41, N°1  (sur la première période de l'exportation).





Le peigne d'or du roi scythe

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Le peigne en or provenant du tombeau scythe Solokha est l'un des trésors du musée de l'Ermita
ge. Le récit de sa trouvaille durant l'été 1913 par le rejeton d'une illustre famille, Alexis Bobrinski, est assez cocasse. Un texte inédit de 1952 est communiqué par le fils d'Alexis Bobrinski et cité dans Histoires de kourganes. La redécouverte de l'or des Scythes de Véronique Schiltz, collection Découvertes Gallimard, 1991.


peigne-scythe-or-1.jpg

Le jeune comte Alexis Alexeïévitch Bobrinski (1893, St-Pétersbourg - 1971, Londres) accompagne son père, président de la Commission archéologique impériale, pour assister aux fouilles du tumulus Solokha, dans la vallée du Dniepr, près de Nikopol (Ukraine). Les fouilles sont menées par le professeur Nicolas Vesselovski et leur résultat dépasse les plus folles espérances. La sépulture est intacte, c'est celle d'un roi couvert d'or.



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Debout à côté de Vesselovski qui montre le torque en or que portait au cou le défunt, le jeune Bobrinski tient entre les mains la trouvaille la plus extraordinaire faite à Solokha, le peigne en or datant de la fin Ve - début IVe siècle avant J.-C.



"Je restai tout seul au fond de la tombe vide. Un silence de mort régnait alentour. Qu'est-ce qui me retenait encore à cet endroit? A vrai dire, je n'en sais rien. C'était comme si une force invisible me clouait sur place et m'empêchait de partir. Avec ma petite truelle, je grattais sans but l'argile durcie du fond de la tombe, tout en sachant pertinemment qu'elle était maintenant parfaitement vide. Soudain ma truelle heurta quelque chose de dur. Je me mis à creuser plus profond et fis un léger effort de la main: quelque chose se mit à briller et je dégageai sans aucune difficulté l'énorme peigne d'apparat en or du roi scythe avec ses dix-neuf longues dents et son décor d'or coulé qui représentait deux Scythes attaquant avec des glaives un cavalier grec qui les repousse avec une courte pique, un autre cheval percé de coups d'épée gisant à leurs pieds. Stupéfait, je criai de toutes mes forces à mon père: "Reviens vite, j'ai trouvé un peigne..." En réponse j'entends mon père dire "Ne le touche pas, tu vas le briser, ne le touche surtout pas, je te le défends" et moi de crier à mon père: "Comment pourrais-je le briser? Il est lourd, il est en or..." "Ne dis pas de bêtises, cria mon père, les peignes en or, ça n'existe pas, il doit être en os, tu vas le briser, ne le touche pas, j'arrive, attends-moi, je te le demande en grâce!" Une minute plus tard mon père était déjà à genoux à mes côtés et examinait ma trouvaille, qu'aujourd'hui le monde entier connaît. C'était le célèbre peigne en or qui se trouve aujourd'hui à l'Ermitage. Le sort avait voulu que je sois la première personne à le tenir dans mes mains après deux mille trois cents ans de séjour dans la terre. N'est-ce pas l'esprit du roi scythe, désireux de jouer un tour à des savants éminents, qui m'a choisi, pour faire cette découverte, moi le gamin ignorant, à moins que la légendaire sorcière Solokha ne m'ait, par dérision, fourré dans les mains ce trésor?..."


peigne-scythe-or-2.jpg







C'est bientôt Pâques

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Le 5 mai 2013 pour les orthodoxes.

tsar-nicolas-paques.jpg
Début des années 1910. Au palais de Livadia en Crimée, lors de la grande fête annuelle, le tsar Nicolas II échange un baiser de paix (avec les membres d'équipage du yacht impérial Standart?), en prononçant la salutation pascale: "Le Christ est ressuscité", "En vérité, Il est ressuscité."

Photo publiée dans Nicolas et Alexandra. L'album de famille, textes et légendes de Michel de Grèce, Perrin, 1992




 

Pâques

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ХРИСТОС ВОСКРЕСЕ !


paques-moscou-2Nikolaï Von Bool (1860-1938), Procession de Pâques au Kremlin de Moscou

paques-moscou.jpgP. Stépanov, Matines de Pâques près du clocher d'Ivan le Grand

kremlin-moscou-paques-copie-1.jpgMikhail Guermachev (1867-1930), La nuit de Pâques au Kremlin de Moscou

matines-paques-guermachev.jpgMikhail Guermachev, Les matines

paques-moscou---3.jpgMikhail Guermachev, Retour des matines

apres-matines-paques-guermachev.jpgMikhail Guermachev, Après les matines


Мелитонян A.A., Цуканов П.Д., Величко С.Г., Чапкина-Руга C.A., Кремль и Красная площадь: Москва на старых открытках. 1895 - 1917 гг., Издательство Магма, 2005

&

Cartes postales anciennes



 


6 juin 1908 à Saint-Pétersbourg

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Tout peut changer à Pétersbourg, hormis son climat.
I. Brodsky, Guide d'une ville re-nommée






Les Pétersbourgeois ont la chance d'avoir les nuits blanches, mais ils sont aussi habitués aux hivers à rallonge et à la gadoue. Et ce froid septentrional si bien décrit par N. Gogol, avec le vent qui souffle de tous les côtés à la fois! Des cartes postales pour la neige du 24 mai 1908 (6 juin grégorien, rien que ça!).


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Aujourd'hui, il fait beau et chaud à Saint-Pétersbourg!




VPiter




 

Le tsar en colère et la tête dans le bocal

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En 1613, Michel Romanov prend le pouvoir. La dynastie fêterait cette année ses 400 ans si un coup d'Etat n'était pas passé par là. Pierre Ier, le petit-fils de Michel, est surement le plus grand tsar de la dynastie Romanov et le créateur de l'Empire.


Bartolomeo Carlo Rastrelli. Personnage de cire de Pierre Ier. 1725.
Palais d'Hiver de Pierre Ier, musée de l'Ermitage, St-Pétersbourg


Une anecdote concernant Pierre Ier est révélatrice de son caractère. Un certain Willem Mons l'a rendu cocu. Ce n'était pas la première fois. L'amant de l'ex-épouse du tsar, Eudoxie, avait fini empalé. Willem Mons, amant de Catherine, la seconde épouse de Pierre, va mal finir aussi, on s'en doute.


Jean-Marc Nattier. Portrait de Catherine Ire. 1717.
Musée de l'Ermitage



1724
Derniers mois du règne de Pierre Ier. L'empereur apprend par une dénonciation anonyme que son épouse, Catherine, le trompe avec Willem Mons. Ironie de l'histoire, ce Willem Mons est le frère d'Anna Mons que Pierre a passionnément aimée dans sa jeunesse avant qu'elle ne tombe en disgrâce pour infidélité.
Pierre est furieux. Catherine qu'il vient de couronner impératrice le trompe.


A.F. Zoubov. Le palais d'Hiver de Pierre Ier (à l'emplacement de l'actuel théâtre de l'Ermitage). Gravure. 1716-1717.

Mons est arrêté, transféré au palais d'Hiver et il est soumis à un interrogatoire serré que dirige le tsar en personne. Il reconnaît des abus de confiance, des concussions. Nul ne fait allusion aux rapports amoureux de l'inculpé avec Catherine, réputation de l'impératrice oblige. Mons et plusieurs comparses sont reconnus coupables d'avoir volé l'argent de l'Etat. Le peuple de Pétersbourg est convié à assister à l'application de la peine capitale pour Mons.

Tout le monde connaît les vrais motifs de la sentence impériale. Mons est décapité. Le bourreau ramasse la tête sanglante et la plante sur un piquet. Catherine montre un calme stupéfiant au milieu de ces épreuves qui peuvent faire basculer son destin. Où s'arrêtera la vengeance de Pierre? Il a bien torturé son fils le tsarévitch Alexis avant de le faire condamner à mort, quelques années plus tôt! Catherine pourrait aussi finir enfermée dans un couvent, comme la première épouse de Pierre.



Graveur anonyme français. Pierre Ier et Catherine Ière. 1717.
Musée de Peterhof


Pierre conduit Catherine sur les lieux du supplice où la tête et le corps de Mons sont encore exposés. Catherine ne bronche pas. Ce sang-froid exaspère le tsar. Le soir, en rentrant dans sa chambre, Catherine découvre, sur une table, dans un bocal rempli d'alcool, la tête de son amant. Sans marquer la moindre surprise, Catherine vaque à ses occupations. Après l'avoir laissée plusieurs jours et plusieurs nuits en cette macabre compagnie, Pierre fait enlever la tête, sans pardonner pour autant. Bafoué, plus seul que jamais, il meurt peu après et Catherine monte sur le trône.

Pierre le Grand était démesuré dans ses qualités comme dans ses défauts!




Constantin de Grunwald, La Russie de Pierre le Grand, Hachette, 1953
Henri Troyat, Pierre le Grand, J'ai lu, 1979
Georges Oudard, La vie de Pierre le Grand, Plon, 1929



 

Photos de 1913, tricentenaire de la dynastie Romanov

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A l'occasion des 400 ans de l'accession au trône du premier Romanov, quelques photos tirées d'un de mes livres préférés: Saint-Pétersbourg, capitale de l'Empire russe, paru en 1993.

L'album nous transporte dans l'ancien Pétersbourg-Pétrograd, la ville d'avant les cataclysmes du XXe siècle.

Le début du XXe siècle est riche en commémorations pour la Russie et sa capitale, avec notamment le bicentenaire de la fondation de Saint-Pétersbourg en 1903, le bicentenaire de la victoire de Pierre le Grand sur les Suédois à Poltava en 1909, le centenaire de la bataille de Borodino en 1912, et enfin le tricentenaire de la Maison Romanov en 1913.


Procession devant la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan sur la perspective Nevski le jour du commencement des festivités du tricentenaire des Romanov, le 21 février 1913. Les festivités se poursuivront toute l'année dans tout le pays.


L'empereur Nicolas II et le grand-duc héritier Alexis quittent la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan après un service d'action de grâce. 21 février 1913.


La Maison du Peuple de l'empereur Nicolas II, dans le parc Alexandre, décorée à l'occasion du tricentenaire de la dynastie Romanov. 24 février 1913.


Nicolas II quitte la Maison du Peuple. 24 février 1913.



La plupart des photos de l'album Saint-Pétersbourg, capitale de l'Empire russe sont de Karl Bulla (1853 ou 1855 - 1929). Bulla est une légende. C'est le photographe le plus populaire du Pétersbourg d'avant la révolution et le fondateur d'une dynastie de photographes. Dans la rue piétonne Malaïa Sadovaïa on peut voir le "monument au photographe pétersbourgeois" inauguré en 2001 (sculpteur B.A. Pétrov). Ce n'est pas un monument expressément dédié à Karl Bulla, mais ce n'est pas un hasard s'il se trouve près du bâtiment qui abritait le studio photographique de Karl Bulla et de ses fils Alexandre et Viktor au début du XXe siècle. Le bâtiment abrite toujours un studio photo de nos jours.

Toucher le bras droit et le petit doigt du photographe porterait bonheur !


 

Bonne année... olympique !

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С Новым Oлимпийским годом !


 

 

 

 

 

Un "Secrets d'histoire" consacré à Nicolas II

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Mardi 25 février à 20h45 sur France 2












La bande-annonce où l'on aperçoit la résidence impériale de Peterhof, les bulbes bariolés de l'église du Sauveur-sur-le-Sang-Versé à Saint-Pétersbourg, la grande salle du Trône du palais d'Hiver, la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, le palais de Tsarskoïé Sélo, le plafond de l'escalier des Ambassadeurs du palais d'Hiver, la colonnade du palais Alexandre à Tsarskoïé Sélo, la salle Romaine du palais Youssoupov de la Moïka...


"En ce début du XXe siècle, Nicolas II a beau être le monarque le plus puissant de la planète, il se croit né sous une mauvaise étoile. Ce grand ami de la France rêve de bien faire, mais d’attentats en fiascos militaires, comme lors de la guerre de 14-18, son règne est jalonné de catastrophes… Une seule chose compte vraiment à ses yeux: réussir sa vie avec Alix, la femme fragile et angoissée dont il est très amoureux, et qui lui a donné cinq enfants charmants. Dont le petit tsarévitch Alexis, l'héritier du trône qui est atteint d'une maladie incurable.
L’impératrice s’entiche alors d’un étrange guérisseur aux allures de gourou, le tristement célèbre Raspoutine. Nicolas II lui, transforme ses fastueux palais en autant de refuges pour sa famille…
Et se coupe d’une Russie qui a soif de réformes. Au fil des années, Nicolas II se retrouve pris dans un engrenage fatal… jusqu’à la révolution bolchévique, la détention avec sa famille et leur exécution dans une cave.
Une fin tragique pour cette famille impériale sur laquelle planent encore aujourd'hui de nombreux mystères…" (
France 2)


Avec la participation de:

  • Hélène Carrère d’Encausse, de l’Académie française (historienne)

  • Vladimir Fédorovski (écrivain)

  • Marc Ferro (historien)

  • Wladimir Berelowitch (historien)

  • Marie-Pierre Rey (historienne)

  • Pierre Lorrain (historien)

  • Cyrille Boulay (expert)

  • Lorraine de Meaux (historienne)

  • Pierre Gonneau (historien)

  • Emmanuel Ducamp (historien d’art)

  • Alexandre Orlov (ambassadeur de Russie en France)


    Quelques photos du making-of à Peterhof, Gatchina et Saint-Pétersbourg.


     

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